San Juan Nepomuceno au 1/90 par Jean-Marie Rochat

Bonsoir,

Je m'appelle Jean-Marie Rochat, j'ai 68 ans, j'habite en Essonne et je suis un retraité de l'informatique.
Depuis l'enfance je fais des maquettes de voitures, bateaux ou avions. J'ai surtout pratiqué l'aéromodélisme radiocommandé mais c'est un peu frustrant car on construit la semaine et on casse le week-end  
Depuis que je suis à la retraite, j'ai décidé de me lancer dans modélisme naval ancien et j'avoue que je ne regrette pas car c'est une activité multidisciplinaire passionnante.

J'ai donc, après recherches, fait l'acquisition du San Juan Nepomuceno d'Artesania Latina au 1/90.
Il s'agissait de mon premier modèle de navire historique en bois et, si j'avais su, j'aurais pris une autre échelle et une monographie  

Je vais faire ici un résumé de cette construction qui dure depuis bientôt 3 ans.
Pour plus de détails se reporter ici :
http://modelisme-naval-bois.lebonforum.com/t2224-v74-systeme-gautier-le-san-juan-nepomuceno-de-jean-marie#56603

J'ai commencé la construction de façon classique, en suivant la notice !






Parallèlement, grâce à internet, j'ai fait pas mal de recherches sur ce navire.
Puis découverte du livre "l'Armada", qui décrit des maquettes du XVII^e & XVIII^e siècle exposées au Musée Naval de Madrid.
Je suis tombé sur le "V74 selon le système Gautier" qui m'a tout de suite plu et j'ai décidé de transformer mon kit en copie, simplifiée vu l'échelle, de ce navire.

Avant de poursuivre un peu d'histoire (sources L'Armada et internet) :
En 1763 l’Espagne, qui bâtit ses navires selon le « Système Anglais », demande l’aide de la France pour moderniser sa flotte avec les dernières techniques.
En janvier 1765 Jean-Francois Gautier, ingénieur naval de 32 ans prêté par Louis XV, arrive à Madrid pour assurer cette mission.
En avril, il présente les plans d’un navire de 70 canons qui est refusé (il n’a pas que des amis et un caractère pas très facile !).
Néanmoins, trois mois plus tard il met en chantier, à Guarnizo, son premier navire, un vaisseau de 74 canons : le San Juan Nepomuceno qui sera mis à flot le 18 octobre 1766.
Cela a été le début d'une "période française" d'environ 5 ans avec le « Système Gautier ».
Ce vaisseau s'illustra à la bataille de Trafalgar en 1805 où il fut capturé par les Britanniques et renommé HMS San Juan.
Il termina sa carrière en 1818.
Il n'y a pas de certitude que cette maquette soit le San Juan Nepomuceno, bien que référencée comme telle par le Musée en 1853.
Ce pourrait être la représentation d'un des premiers navires construit par Gautier : le San Pedro ou le San Pablo...

Revenons à la construction, j'ai commencé par ajouter un escalier d'après les photos du livre :


Des dépendances d'après un plan trouvé sur le net :


Mais elle n'ont pas survécues quand j'ai eu la joie de découvrir sur un forum espagnol le premier document rédigé par Alejandro Yáñez, le jackpot !
Des dizaines de photos me permettant d'y voir plus clair et de peaufiner les détails.
Parallèlement les précieux conseils des membres du forum Modélisme Naval Bois, sur lequel j'étais inscrit, m'ont permis de rectifier mes erreurs de débutant ou celles du kit  

C'est comme cela que j'ai réalisé un deuxième pontage avec un bois plus conforme à la réalité :


et un second bordage plus réaliste :


Tant que j'y étais autant faire des ferrures de safran réalistes et avec des clous,


et reproduire le cloutage du bordage et des ponts, j'ai arrêté de compter mais il y en a largement plus de 20 000...


A partir des nouvelles photos les dépendances ont été refaites :


Et des détails ajoutés là où c'était possible :




Réalisation de caillebotis plus réalistes (j'ai compté les mailles sur la maquette du musée). Avec les clous bien sûr :


Mon résumé ayant pas mal de photos, je l'ai découpé en quatre parties pour éviter de pénaliser les temps de chargement
Suite...

... suite :

La poupe, qui n'est pas encore terminée m'a donné beaucoup de travail :




Sur les conseils des membres du MNB les balcons, contrairement à la maquette du musée, ont été faits en bois et non en métal, avec une fraiseuse :






Les bombardes du kits ont bien entendu été abandonnées et remplacées par des canons que j'ai tourné à l'échelle selon le bon calibre. Pour le moment, seule la première batterie est faite :




Réalisation d'un mantelet de test, histoire de voir si à cette échelle on pouvait y mettre des clous (taille du mantelet : 10,5x11mm)    :




Ensuite je suis passé à la proue avec mes premiers essais de sculpture, pas facile du tout !


Et des caillebotis un peu plus compliqués, avec leurs clous   :






Suite...

...Suite :

Réalisation des bossoirs avec les poulies fonctionnelles tournées en laiton :


Un trait de Jupiter au passage :


Là aussi il y a des poulies tournées en laiton, les petites font 2mm :






Parallèlement à la construction, en septembre 2015 sur le forum MNB, Neko m'indique un lien sur ce forum qui va encore changer le cours de la construction.
Il s'agit d'une version enrichie du document d'Alejandro Yáñez mis à disposition par Padesia.
Plus de photos, donc plus de détails et donc certains éléments à refaire, je commence à avoir l'habitude.
A propos de ce document, pour ceux qui parlent espagnol, ce qui n'est hélas pas non cas, c'est une mine de renseignements historiques sur ce navire.

Quand j'ai réalisé la proue, le fait de choisir de l'amarillo m'a obligé, par cohérence, à tout reprendre et à remplacer le poirier des moulures et décorations de poupe par ce bois, grrr :




Et puis en octobre de cette année, Michel Saunier m'envoie un mail pour me convier à exposer aux Franciliades 2016.
Inutile de dire que qu'agréablement surpris et très flatté, j'accepte avec joie. Par contre, il y a à faire pour rendre plus présentable mon V74.
Je me lance dans un travail intensif de finition de proue, peaufinage des détails, passage de fondur et mattine, brunissage des canons et montage des éléments existants, sans oublier un socle correct

Ce qui m'a permis de présenter mon V74 sous un meilleur jour :














La cuisine n'est pas conforme à la maquette du musée car à l'époque de sa réalisation je n'avais pas encore les éléments nécessaires :




Pour moi cette exposition aux Franciliades a été une expérience passionnante et motivante, j'en reviens gonflé à bloc, hormis la crève que j'ai ramené comme d'autres  
J'en suis revenu scotché par tant de merveilles exposées, les possibilités de notre art sont infinies. Dommage que les médias passent tout cela sous silence

Suite...

...Suite :

Depuis, j'ai continué la construction de la proue que je considère aujourd'hui comme pratiquement terminée à quelque détails et sculptures près.
Le but était de copier ceci, la maquette du musée étant au 1/16 :


et l'ai obtenu cela au 1/90 :


D'autres vues :
















J'espère que ce résumé de trois ans de travail vous aura intéressé et que vous prendrez plaisir à lire prochainement la suite de cette construction.
Merci et à bientôt.

Jean-Marie

Je ne sais pas si c'est la photo, ou si la coque a un défaut sur ce point.

Trois ans pour faire tout ça, Chuck Norris ne ferai pas mieux !
J'ai bien regardé ce modèle aux Franciliades, mais les gros plans montrent plus précisément les choses.
À quand le prochain ?

Fabio, c'est sûr que la photo n'arrange pas les choses mais de visu c'est moins flagrant.
Francis, et moi qui trouve que trois ans c'est déjà beaucoup ! Je pense en avoir encore pour trois ou quatre ans avec le gréement donc le prochain en 2020 ?

Jean-Marie

Jean -Marie,
Le 118 a été commencé il y a huit ans. Il est vrai que ce n'est pas du plein temps sur le modèle, j'ai dû interrompre les travaux quelques fois.
Mais, j'ai passé plus de seize années sur le 74 canons (faut pas m'en vouloir si je suis lent).

Je l'ai dit aux Franciliades, j'ai été bluffé par la qualité de réalisation de ce modèle issu d'un kit. 
Je le répète ici, la réalisation et surtout l'adaptation du kit est excellente surtout quand on connait l'échelle du modèle qui est au 1/90. C'est vraiment très petit, environ une soixantaine de centimètres.
Concernant les photos, et c'est pour cette raison qu'il faut participer aux expos, les modèles sont bien différents quand on les voit en vrai, les petites anomalies et autres poussières (n'est-ce Eric ?) sont accentuées par la photo alors que tout cela est invisible sur le modèle que l'on a devant les yeux. 

parce qu'on voit le modèle dans son ensemble, et non par détails macro-photographiés. je préfère personnellement voir les travaux successifs d'assez loin, sans les macro, en particulier les décorations.

Bonjour,

Francis, effectivement j'ai encore le temps
Mr. Delacroix, vos compliments, extrêmement motivants, me touchent beaucoup, merci du fond du coeur.
Pour les expos, avec les Franciliades je viens de découvrir le plaisir d'y participer et l'enrichissement que les échanges apportent, c'est magique.
Pour moi la prochaine sera Vazerac.
En complément, pour ceux qui comme Eric préfèrent les vues d'ensemble aux détails, quelques photos globales du navire :










Jean-Marie

A propos de présentation, mais ça n'engage que moi, bien entendu, je préfère les dimensions que j'utilise depuis longtemps : le socle bois (qui stabilise le bateau pendant le transport en supplément) fait la longueur de la quille aux verticales. je place deux ronds pour éviter la gîte au milieu de part et d'autre de la quille, et deux plus grosses colonnes tournées à la moitié de la distance entre les extrémités du socle et ces ronds. donc une colonne à chaque quart de la longueur du socle. comme là, par exemple :
c'est stable et géométrique, en pus, il n'y a pas le risque de démolir la quille pendant les manutentions, contrairement à ton système.

Bonjour,

Eric, merci de me faire partager ton expérience. Cela tombe bien car le socle actuel ayant été réalisé à la hâte pour les Franciliades, il est appelé à être remplacé plus tard en fonction des dimensions du bateau gréé...

En cette période de fin d'année le V74 avance doucement.
J'ai voulu attaquer les canons du pont de deuxième batterie, calibre 18, soit environ 30mm de long au 1/90.
La première phase consiste à faire les outils de tournage en particulier pour la bouche du canon, mais fichtre ce n'est pas gros.
Cela ressemble à ça :


Celui-ci est raté car, si la tulipe est correcte, le renfort de volée est trop gros ; à refaire
Après 6 ou 7 essais j'en ai eu marre et je suis passé à autre chose.
Je reverrai cela plus tard, quand j'aurai trouvé une solution pour meuler mes renforts larges de 5/10 de mm !

Je suis donc passé aux "casquettes" des sabords, histoire de me "délasser" !


Etant donné qu'il y a 28 sabords et que cette pièce se fait en deux parties soit 56 morceaux, large d'environ 1mm, je n'ai pas eu envie d'y passer des semaines en les sculptant un par un dans du poirier.
J'ai donc décidé d'essayer une technique nouvelle pour moi : le moulage en pâte Fimo.

Tout d'abord réalisation d'un master sculpté dans du poirier :


Puis de moules en Siligum remplis de pâte Fimo couleur Poirier :


J'ai fait 5 moules identiques pour aller plus vite car la cuisson de la pâte Fimo demande 25 minutes à 110°C.
Passage au four.


Sortie des moules :


Il est nécessaire de s'y reprendre à plusieurs fois pour obtenir un bon résultat dans le moule et, de plus, une fois cuit, cela reste assez fragile.
Donc, il faut à peu près en prévoir le double  

Ensuite montage sur le V74. Evidemment il y a une différence de niveau à combler entre les préceintes et la ligne de sabords !




Voilà ce que ça donne une fois terminé.
Vues d'ensemble :








Détails :






En attendant la suite, je vous souhaite d'excellentes fêtes de fin d'année.

Jean-Marie

Bonjour.
Jean Marie, Alejandro Yáñez est en train d'écrire le traité du grément correpondent a ce vaisseau. Des qu'il sera disponible je vous tendrai au courant.
Salutations.

Jean-Marie,
Pour tes outils de forme, pour te guide tu colles sur ton barreau une copie du dessin à obtenir. Quant à l'astragale, je pense qu'un léger passage à l'aide d'un disque Dremel devrait suffire, il en existe des très fins.

Merci beaucoup Padesia pour la bonne nouvelle, j'ai de la chance !
Francis, après avoir essayé plusieurs solutions c'est effectivement comme cela que je procède. Le problème est de trouver des disques suffisamment fin ou de les adapter. Il faut que je fasse des essais en ce sens, merci...

Jean-Marie

Une adresse pour des disques diamantés de diverses épaisseurs.
http://www.sbr.fr/disques-diamantes,fr,874834.html

Les disques pour prothésiste dentaire n'ont rien à voir avec ceux de Multirex ou Proxxon, ils ne sont pas au même prix non plus.

Pierre

Merci pour cette adresse Pierre.

Bonsoir

superbe réalisation ces moulures !!!

Merci Jpern pour ces moulures qui ont été refaites plusieurs fois avant de me donner satisfaction

Merci Pierre pour l'adresse, si l'adaptation de mes disques existants ne fonctionne pas, j'irai voir là.

Bonjour, j'ai fait comme pour faire les moulures sur du buis:je donne la forme puis fraisé à l'intérieur (attention aux doigts).




Isalbert

C'est une solution Albert, mais tu n'est pas à la même échelle.

C'est vrai Francis que à son échelle ce n'est pas simple.

Isalbert

Bonjour,

Tout d'abord je vous souhaite une bonne année à tous, du bonheur, des maquettes et surtout la santé

Albert, comme le souligne Francis, c'est effectivement une possibilité. Mais d'une part je travaille à petite échelle, mon V74 pourrait servir de chaloupe à ton Victory  , et d'autre part, je voulais tester le moulage en pâte Fimo.

Quelques nouvelles du V74 qui a été un peu au ralenti avec les fêtes.
Après avoir pratiquement terminé la proue, j'ai souhaité en faire autant avec la poupe en m'attaquant au tableau de proue sculpté (le "croissant" sur la photo) :


Pas évident ! Pour me motiver j'ai décidé de faire ce tableau en allant du plus simple au plus compliqué

Tout d'abord préparation du tableau lui-même en amarillo fraisé à la bonne épaisseur et qui vient  s'appliquer sur la partie existante.


Les moulures sont réalisées de la même façon :


Le résultat après découpe des ouvertures :


Montage des éléments avec ajout de la rosace centrale et rattrapage de petites erreurs :


Réalisation des "perles" avec du mastic époxy et une tige ayant une empreinte sphérique à la dimension de la perle :




Réalisation de la liane supérieure avec un fil de cuivre de 25/100, des anneaux de fixation de la liane en 15/100 et des feuilles taillées dans une mince feuille d'époxy (mastic aplati avant polymérisation) :


La rosace centrale :


Bon maintenant un peu plus difficile : les feuilles autour de la rosace.
Après plusieurs essais infructueux, mastic époxy, pâte Fimo, je me suis orienté vers du fil de soudure sculpté.
Pour être franc ce n'est pas gros, là aussi :


Et en position sur la poupe :


Maintenant je vais attaquer la frise du bas constituée de fleurons alignées.


A bientôt.

Jean-Marie