Fin du XVIIIe siècle : Obusiers, Gunades, Trunnion-carronades...
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Fin du XVIIIe siècle : Obusiers, Gunades, Trunnion-carronades...
Bonjour à tous,
Dans diverses archives françaises des années 1779-1783, l'artillerie de bord est évoquée au travers des classiques "canons" mais également des "obusiers". Par exemple : corvette montant 14 canons et 4 obusiers.
Que faut-il entendre par "obusier" à cette époque ?
Pourrait-il s'agir de ce que les Britanniques nomment "Trunnion Carronade" ou "Carronade with Trunnions", c'est à dire une version précoce de la Carronade, caractérisée par la présence de tourillons (trunnions) qui disparaitront ensuite ?
Voici un dessin de cet armement (source Greenwich SLR 2915) :
D'autre part, comment faisait-on la différence (à cette époque) entre un canon et un obusier ? De nos jours, si cela n'a pas changé, on qualifie d'obusier un canon dont la longueur du tube (mesurée en nombre de calibres) est inférieure ou égale à 20 calibres (20 fois le diamètre du tube à la bouche).
Cordialement,
Thierry
Dans diverses archives françaises des années 1779-1783, l'artillerie de bord est évoquée au travers des classiques "canons" mais également des "obusiers". Par exemple : corvette montant 14 canons et 4 obusiers.
Que faut-il entendre par "obusier" à cette époque ?
Pourrait-il s'agir de ce que les Britanniques nomment "Trunnion Carronade" ou "Carronade with Trunnions", c'est à dire une version précoce de la Carronade, caractérisée par la présence de tourillons (trunnions) qui disparaitront ensuite ?
Voici un dessin de cet armement (source Greenwich SLR 2915) :
D'autre part, comment faisait-on la différence (à cette époque) entre un canon et un obusier ? De nos jours, si cela n'a pas changé, on qualifie d'obusier un canon dont la longueur du tube (mesurée en nombre de calibres) est inférieure ou égale à 20 calibres (20 fois le diamètre du tube à la bouche).
Cordialement,
Thierry
Dernière édition par le Spahi le Ven 4 Juin 2021 - 6:58, édité 2 fois (Raison : Modification du titre.)
Re: Fin du XVIIIe siècle : Obusiers, Gunades, Trunnion-carronades...
Bonjour Monsieur Delacroix,
Merci pour ces clichés très parlants.
Cordialement,
Thierry
Merci pour ces clichés très parlants.
Cordialement,
Thierry
Re: Fin du XVIIIe siècle : Obusiers, Gunades, Trunnion-carronades...
Bonsoir Thierry,
Dans le cas qui vous préoccupe, il s'agit de la version primitive des caronades, inspirée des obusiers de terre, celle à tourillons. Elle est très rapidement jugée dangereuse, son très court débord de la muraille risquant d'enflammer les haubans. Gascoigne y rajoute un nozzle qui ralonge le fût. Même ainsi, le réglement de la RN interdit l'installation de caronades derrière les haubans. Quand sur un gaillard AR, il y a une alternance d'artillerie, ce sont les long-guns qui sont à cet emplacement.
C'est facile à vérifier sur les navires de la RN, dès que les pavois de gaillards deviennent pleins (temporairement puis définitivement) pour protéger les servants des tirs de caronades adverses, puisque la forme des sabords est différente. Quand je parle de caronades adverses, je pense aux Espagnols, les Français étant bien entendu â la traîne, bien que Gascoigne, qui est pas étouffé par le patriotisme, leur ait proposé de leur en fournir.
Le fier Gaulois préfère développer l'obusier de 36 dont les auteurs anglais, y compris nos contemporains, se plaisent à gloser sur la médiocrité.
Dans le cas qui vous préoccupe, il s'agit de la version primitive des caronades, inspirée des obusiers de terre, celle à tourillons. Elle est très rapidement jugée dangereuse, son très court débord de la muraille risquant d'enflammer les haubans. Gascoigne y rajoute un nozzle qui ralonge le fût. Même ainsi, le réglement de la RN interdit l'installation de caronades derrière les haubans. Quand sur un gaillard AR, il y a une alternance d'artillerie, ce sont les long-guns qui sont à cet emplacement.
C'est facile à vérifier sur les navires de la RN, dès que les pavois de gaillards deviennent pleins (temporairement puis définitivement) pour protéger les servants des tirs de caronades adverses, puisque la forme des sabords est différente. Quand je parle de caronades adverses, je pense aux Espagnols, les Français étant bien entendu â la traîne, bien que Gascoigne, qui est pas étouffé par le patriotisme, leur ait proposé de leur en fournir.
Le fier Gaulois préfère développer l'obusier de 36 dont les auteurs anglais, y compris nos contemporains, se plaisent à gloser sur la médiocrité.
Alain Degny- Messages : 209
Date d'inscription : 30/11/2016
Localisation : Oise
Re: Fin du XVIIIe siècle : Obusiers, Gunades, Trunnion-carronades...
Bonjour Alain,
Merci pour ce développement !
Je me pose beaucoup de questions à ce sujet et le plan de recherches de la seconde campagne de fouilles de l'épave de la corvette le Dragon (juillet-août 2018) prend en compte la levée de cette incertitude : essayer de trouver une ou plusieurs pièces d'artillerie d'un modèle différent des quelque 8 pièces de 9 livres (canon long "Carron" en fer, comme le dessin de mon avatar) trouvées précédemment.
J'espère que le magnétomètre permettra de lever cette incertitude et peut-être aussi celle de la position de l'ancre ayant servi à l'ultime manœuvre d'embossure en vue de l'échouage. A cet effet, nous avons défini une zone de fouille de 32 000 mètres carrés. On verra bien... wait & see !
Cordialement,
Thierry
Merci pour ce développement !
Je me pose beaucoup de questions à ce sujet et le plan de recherches de la seconde campagne de fouilles de l'épave de la corvette le Dragon (juillet-août 2018) prend en compte la levée de cette incertitude : essayer de trouver une ou plusieurs pièces d'artillerie d'un modèle différent des quelque 8 pièces de 9 livres (canon long "Carron" en fer, comme le dessin de mon avatar) trouvées précédemment.
J'espère que le magnétomètre permettra de lever cette incertitude et peut-être aussi celle de la position de l'ancre ayant servi à l'ultime manœuvre d'embossure en vue de l'échouage. A cet effet, nous avons défini une zone de fouille de 32 000 mètres carrés. On verra bien... wait & see !
Cordialement,
Thierry
Re: Fin du XVIIIe siècle : Obusiers, Gunades, Trunnion-carronades...
Bonjour à tous,
Je reviens sur ce qui a été écrit précédemment, afin d'apporter quelques données pratiques.
En fait les "obusiers" anglais de 6 livres que je cherchais sur un brick armé de 16 canons de 4 livres et 4 "obusiers" de 6 livres, sont bien - comme l'expliquait plus haut Alain Degny - des précurseurs des caronades.
En l'occurrence, il s'agit de ce que les anglo-saxons nomment "Gunades" (Gun et "nade" fin du mot carronade) ou "Trunnion-Carronades" (caronade à tourillons). Outre la présence de tourillons, on note un affût classique à quatre roulettes (trucks, d'où truck-carriage pour la dénomination complète de l'affût).
Thierry
Je reviens sur ce qui a été écrit précédemment, afin d'apporter quelques données pratiques.
En fait les "obusiers" anglais de 6 livres que je cherchais sur un brick armé de 16 canons de 4 livres et 4 "obusiers" de 6 livres, sont bien - comme l'expliquait plus haut Alain Degny - des précurseurs des caronades.
En l'occurrence, il s'agit de ce que les anglo-saxons nomment "Gunades" (Gun et "nade" fin du mot carronade) ou "Trunnion-Carronades" (caronade à tourillons). Outre la présence de tourillons, on note un affût classique à quatre roulettes (trucks, d'où truck-carriage pour la dénomination complète de l'affût).
Thierry
Dernière édition par le Spahi le Ven 4 Juin 2021 - 6:57, édité 2 fois (Raison : Précision en finale de l'appellation "truck-carriage".)
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