Défense de place, Amérique 1812 (bicentenaire)

Je vous présente ma dernière production d'arsenal, qui se veut mon propre rappel à l'occasion du bicentenaire de la Guerre de 1812 que nous allons commémorer, au Canada, l'an prochain. Il s'agit d'un canon anglais de 68 livres, premier quart du XIXe, canon de place utilisé également par la Marine de Guerre.

Le poste de combat est à la manière de l'Amérique du Nord, une portion d'un fort fait de pièce sur pièce, rempli de sable et de gravier. Très fonctionnel et très robuste.

Le tout est fait au 1/15. Rien n'a été donné. Il a fallu tout concevoir et apprendre. Les affûts anglais sont passablement différents des affûts français. La manière de découper et assembler les deux portions de chaque flasque, les clavettes qui remplacent les boulons, et l'absence de susbandes pour les grosses pièces. Les grandes tiges de fer qui lient les deux portions de chaque flasque ont les têtes noyées dans les gradins inférieurs ; et elles (les têtes) sont en champignon de chaque côté des lits des tourillons.

À noter également les roues de métal et la plate-forme légèrement rentrée vers l'avant et en pente pour diminuer une partie de l'effet de recul de ces grosses pièces.

Dumas

Très beau travail. Le traitement du métal est particulièrement bien réussi.

Bravo.

Pas de susbandes ! Le poids suffisait à maintenir le canon en place ?

Francis.

(petite déviation, quand on descend avec la roulette de la souris, les roues de la dernière photo semblent tourner...)
beau travail, comme d'habitude

Les roues ont représenté un inspirant défi à lui seul.

Dumas

À regarder le travail il n'y a pas que les roues qui furent un "inspirant défi".

Francis.

Excellent travail et representation . Bravo!
Pourrait on savoir l'echelle , s'il vous plait ?
Adrien

Au 1/15, c'est écris dans le premier post ....

Petit truc pour ceux qui veulent s'y aiguiser le dentier, il faut savoir que les roues sont machinées en deux parties, qu'elles sont soudées et percées. Pour l'artillerie britannique, ceux qui font dans ces navires, doivent s'avoir qu'elles arrivent dans les plans à la fin du XVIIIe et qu'elles remplacent peu à peu l'ordinaire de bois dès le premier quart du XIXe.

Dumas

Merci Cher Dumas .
J'ai ete tellement ebloui par les belles photos que je ne me suis pas pris la peine de lire votre post!
Encore une fois mes felicitations et chapeau pour la belle patine que vous avez reussi sur les parties metalliques . Est ce que vous utilisez uniquement la tourmaline ?

En fait, je dois la première portion de cette passion à ce site et à ceux qui l'animent. Notamment à MM Gérard Rousseau, Delacroix et Grandvilliers qui m'ont permis d'y faire mes premiers pas. Qu'ils en soient tous remercié au premier chef.

Pour le noircissage du laiton, j'ai essayé plusieurs produits de bijoutier, dont la tourmaline, mais je préfère le produit mis sur le marché par Birchwood Casey, étiqueté « Brass Black Metal Finish ». C'est un produit qui se trouve facilement dans les armureries d'Amérique du Nord et je l''utilise depuis quarante ans.

Si vous en commandez, ayez-en au moins trois bouteilles, car on ne peut plus s'en passer... (prière de ne pas ingurgiter, l'effet est contre-indiqué !!!)

La manière de l'utiliser sur le laiton est de bien nettoyer la pièce à l'acétone ; il faut ensuite prendre des gants chirurgicaux non saupoudrés et parfaitement clean pour ne pas souiller de ses gras naturels le métal ; cela fait, il faut tremper la pièce à noircir quelques secondes, la replonger dans l'eau froide immédiatement, frotter avec un chiffon propre, et reprendre le scénario jusqu'à satisfaction. Si vous laissez tremper la pièce plus longtemps que nécessaire, c'est l'échec assuré...

Bonne chance et merci de vos appréciations.

Dumas
Voici la fiche internète de Birchwood Casey
http://www.amazon.com/Birchwood-Casey®-Brass-Black™-Metal/dp/B002JCZVOW

Dumas a écrit:Voici la fiche internète de Birchwood Casey http://www.amazon.com/Birchwood-Casey-Brass-Black™-Metal/dp/B002JCZVOW

Superbe, Dumas, comme toujours. Cela sent son armurier.
J'ai bien envie de commander ce produit miraculeux mais je me demande s'ils livrent en France.

Allez là où on fait commerce d'armes à poudre noir. Ils devraient y en avoir car sur ces armes il y a beaucoup de laiton.

Dumas

Bonjour Dumas, bonjour au Québec, à Chicoutimi et au lac St Jean. (Trés bons et trés vieux souvenirs) .

Une question ou une critique selon la réponse qu'on lui donne.
Autant je comprend le code de modelisme d'arsenal qui consiste à refaire des modéles de l'architecture navale ancienne avec un rendu comme "neuf". Pas de vieillissement, pas de mer artificielle, de personnages, de simulation réaliste. C'est ce que je comprend du code et de la tradition de cette pratique.

Mais ici, si le canon et son affut obéissent à cette régle, j'ai un peu plus de mal avec le décor.
Un fort en madrier de bois, de terre et de sable mériterait sans doute un rendu un peu plus réaliste, des piéces de bois un peu plus "arbresques", moins équarries, moins vernies... Je doute qu'à l'époque, au Canada, les soldats aient le temps de polir leur fort à ce niveau. Par endroit, des rondins non dégrossis devaient bien souvent suffire et faire l'affaire, non ?
Pour un parisien qui pleure la nature absente, je suis sensible à cette dimension là et il ne faut pas prendre ma critique au mot à mot, mais dans son esprit... Aprés c'est une question de dosage de rustique/perfection...
Là à mon avis, c'est un peu trop "propre".
Mais ce n'est que mon avis. L'avantage de ton choix par contre est de lui donner un aspect "scientifiquement exact"... Mais n'est-ce pas un peu une illusion dans ce cas ?
Mais cordialement
Jean-François

C'est votre avis, en effet ! Vous avez raison pour la patine, mais on pourrait en dire autant avec les reproductions de navire en arsenal. Nous les faisons beaux et propres, mais la réalité était beaucoup moins prenante.

J'ai créé un scénario architectural et j'ai fait de mon mieux. C'est un essai. Comme écrire un livre. Je n'ai pas voulu faire vieux mais reproduire des traits, une situation si ce n'est une impression. Comme on le fait avec les navires qui arrivent tout beaux sitôt finis.

Regardez les postes de combat qui sont offerts sur ce site, ils sont tous reluisants comme des crânes rasés. Idem pour ma maquette de défense de place. Moi, je l'aime comme elle est. Si je l'avais voulu vieillotte, je l'aurais laissé tremper dans le ruisseau un mois durant ou je lui ferais subir les rigueurs du prochain hiver à Chicoutimi. Rien de plus facile. Mais ce n'est pas ce que j'ai voulu faire...

Mes amitiés

Dumas

P.-S. Si vous avez un modèle de défense de place qui est conforme à vos goûts, j'aimerais sincèrement en profiter. J'aimerais voir ce qui s'est fait jusqu'ici à ce sujet. Cela dit sincèrement et sans mauvaise émotion croyez-moi...

Très belle explication ...
C'est la différence entre le diorama en modélisme et une représentation en modélisme d'arsenal ....

Effectivement, c'est votre choix, et je le respecte.
Je n'ai rien dit d'autre que vous à propos de "modelisme d'arsenal". C'est le code du genre.

Je parlais précisement du "réalisme" de la construction d'un fort dans la nature, pas de son viellisement.
Simple question de choix... de code. Je réalise que c'est un débat sans conclusion possible, comme souvent.
La réponse est au choix de chacun et ok d'ac pour la votre, le reste est détail.
Cordialement
Jean-François.

Voici donc comment cela se passait à Québec et à Fort York (Toronto aujourd'hui), à l'époque de la guerre de 1812.

Ah oui, j'ai oublié de vous dire. Je crois que vous avez une idée préconçue de la vétusté historique des forts en Amérique du Nord. Ne vous y méprenez pas, les Anglais avaient un goût sûr pour l'efficacité et l'esthétisme. Leurs places de défense et les forts étaient, règle générale, d'une propreté quasi clinique

Dumas

Bonjour.
Un travail remarquable, même sans patine (superflue) l'ensemble est très agréable à l'oeil. Simple curiosité : les boulets sont des plombs de chasse ?

Les boulets sont du calibre exact de la pièce réduite à 1/15 : 0.356 de un pouce. Déformation maladive de l'armurier que j'ai été dans une autre vie...

Dumas

"Leurs places de défense et les forts étaient, règle générale, d'une propreté quasi clinique"

Voilà qui répond à ma question et me cloue le bec. Alors s'il vous plait si je repasse par là, ne tirez pas !

J'ai passé qlques jours dans une reproduction d'un poste de traite je ne sais plus précisement où au Quebec et ce coté "horlogerie suisse en bois rond" m'avait frappé au point que j'avais du mal à le croire.
Mais il est vrai que dans un tel pays où il y a tant d'arbres, ne prendre que les arbres tournés au tour et parfaitement droits devait être encore possible à cette époque.

Pour Pierre Blanc et Thierry je ne parlais ni de patine ni vraiment de diorama ultra-réaliste.
Jean-François

Non seulement c'était possible, mais c'était la pratique de l'occupant anglais de ne prendre que la crème. Les pièces moins parfaites étaient laissées aux « habitants » qui les utilisaient pour construire leurs maisons en pièce sur pièce (ce que vous appelez crémeusement « cabanes », pour combler votre besoin de romantisme), les quais, les trottoirs, etc...

Les Anglais avaient un goût certain. Regardez simplement les citadelles de Québec et d'Halifax. Ce sont des chefs-d'oeuvre du genre. Et il y a les blockhaus (bloc hause), des merveilles d'adaptation en terme de fortification. Je nourris, du reste, le projet d'en faire un avec deux ou trois canons de place... Mais c'est un projet qui mérite d'être songé. J'ai encore des apprentissages à faire avant d'y arriver...

Dumas

P.-S. J'ai oublié de vous dire que le fini est fait avec de l'huile d'abrasin. C'est ce qu'il y a de mieux pour faire sortir le grain naturel du bois. C'est un produit totalement naturel qu'on peut diluer avec de la térébenthine ou de l'huile naturelle.

Non seulement c'était possible, mais c'était la pratique de l'occupant anglais de ne prendre que la crème. Les pièces moins parfaites étaient laissées aux « habitants » qui les utilisaient pour construire leurs maisons en pièce sur pièce

C'est une remarque qui m'interresse énormément, j'ai travaillé trés longtemps comme conseiller culturel dans des échanges franco/québecois (OFQJ) et pour un "maudit français", je suis censé en savoir un peu plus que la moyenne sur le Québec. Et non pas uniquement le romantique... (Mais là je passerai volontier hors sujet )
Ceci, cette analyse précise je ne l'avais jamais entendu ni lu.
jean-François

J'ai la permission de l'auteur pour reproduire ces pages !

Dumas

Bonjour

Je ne connais pas toutes vos réalisations mais celles affichées ici sur ce forum ,un seul mot chapeau !

Il y a ce modèle avec cet affût qui me semble sympa à réaliser , chiche



patrick