Une corvette pouvait-elle transporter 4 pièces de 24 pour tirer à terre ?

Bonjour à tous,

Je me pose quelques questions pratiques au sujet d'un acte de combat accompli par une corvette française en 1783 dans les Caraïbes.

Cette corvette commandée par le lieutenant de vaisseau de Grasse-Briançon (la Coquette 1779 de 28 canons pour ne pas la nommer), transporte 4 pièces de 24 livres qu'elle débarque sur une île ne disposant ni de débarcadère ni de possibilité d'accoster en eau profonde. Je suppose qu'elle utilise donc sa chaloupe pour effectuer le transfert des "tubes" et des affuts sur la plage...

Ma première question : est-ce techniquement concevable avec des pièces aussi imposantes ?

Une fois les pièces à terre, elles forment une batterie qui est "retranchée", c'est à dire que la position est aménagée pour résister aux tirs de navires ennemis et pouvoir les prendre à partie pour les empêcher de débarquer des troupes.

Ma seconde question : comment installait-on une pièce de 24 (de marine) sur une plage, en dehors de toute construction en dur (fortin) ? Comment pouvait-on remplir les fonctions assurées à bord d'un vaisseau par la brague et les palans de retour en batterie ?

Merci de vos précisions,

Cordialement,

Thierry

Bonjour
Je ne suis pas un spécialiste de ce genre d'affut de "plage" ou de terre, mais ces vaisseaux disposaient de bois à bord (plus encore si la chose avait été pensée à l'avance) de manière à construire un plancher calé par des pieux enfoncés dans le sol. De quoi reconstituer à terre un affut de mer.
Mais nos spécialistes auront surement de meilleures connaissances à te transmettre
Amitiés

Aucune idée pour l'installation de la pièce sur la plage, mais pour débarquer une pièce de 24 on peut imaginer qu'elle soit suspendu dans l'eau comme on pouvait le faire avec une ancre.

La grosse ancre de l'Amarante fait 1300 livres et un canon de 18 en fait déjà 4000 !!

Il faut voir si la chaloupe peut porter cette piece. Si oui le débarquement peut se faire avec une chèvre.
On peut aussi construire un radeau qui servira de plancher avec des barriques vides comme flotteurs.
Reste à la plage de haler l'ensemble avec des moufles attachés sur des arbres, des rochers...etc
Un peu d'imagination et beaucoup de transpiration !

Bonjour,

Les marins de cette époque savaient très bien se débrouiller avec ce genre de problème. Déplacer quatre canons de 24 démontés ne devait pas être une difficulté pour eux.

Quant à l'installation à terre, puisque ces canons sont retranchés, il est facile de fabriquer un plancher stable avec quelques bouts de bordage et d'ancrer des points d’appuis dans le retranchement même.
Pendant les guerres napoléoniennes, il y avait beaucoup de ces batteries volantes installées sur le littoral méditerranéen. On en voit encore des traces grâces aux "tas de cailloux" qu'elles ont laissés (et aux archives bien sûr).

Bonsoir à tous,  

Un grand merci à tous ceux qui ont pris la peine de répondre aux questions !

J'ai relevé (source Jean Boudriot) que la pièce de 24 livres en fer était passée de 3,04 m (fabrique de 1758) à 2,72 m de long en 1766, et que cette longueur est toujours de mise pour l'artillerie de la fabrique de 1778.

En l'état actuel des recherches, je retiens donc cette longueur pour les tubes de ma batterie de quatre pièces de 1783.

Quant au poids, il est de 2750 kg pour ce qui concerne les fabriques de 1766 et de 1778. Je ne sais pas s'il s'agit du seul poids du tube... Pour la fabrique de 1786, l'affût pèse 470 kg et le tube 2500 kg, soit un total de 2970 kg (Jean Boudriot). Grosso modo je compte 3 000 kg par pièce de 24.

Cordialement,

Thierry

A votre place, je ne me focaliserais pas trop sur des sources limitées au domaine naval.
Voire j'élargirais mes recherches.
Ces pièces étaient probablement des pièces d'artillerie de terre ou de côte.
Les dimensions et le poids étaient différents de celles de marine.
Quant aux affuts, ceux de terre étaient aussi très différents de ceux de mer et souvent plus lourds puisqu'il y avait moins de contrainte de poids à terre.

Bonne chance !

Philippe

Bonjour Philippe,

Vous avez raison sur le principe mais certains indices me font plutôt penser à de l'artillerie de mer.

Deux batteries ont été installées à terre :
- une batterie de 7 pièces de 6 livres prélevées sur l'armement organique du Cornwallis,
- une batterie de 4 pièces de 24 livres servies par des marins*, complétée par 2 pièces de 6 livres prélevées sur l'armement de la Coquette,
- les soldats (de l'armée "de terre") débarqués, appartiennent à quatre régiments dument identifiés mais je n'ai pas trouvé d'indications relatives à des artilleurs.

Certes, les 4 pièces de 24 pourraient être des pièces d'artillerie de côte prélevées sur les dotations de la colonie de Saint-Domingue... En ces temps de blocus de Cap Français, je ne sais pas si un tel prélèvement aurait été judicieux (mais l'on peut tout imaginer, je suis d'accord).

* Le rapport du Captain Horatio Nelson précise que ces pièces sont servies par des marins français.

Cordialement,

Thierry