L'illuminé de Noël
+2
bernardw
Alain Fosse (†)
6 participants
Page 1 sur 1
L'illuminé de Noël
En guise de conte de Noël, voici l'histoire d'un pauv'gars qui s'appelait Armand Alain (air connu).
Ma marraine la fée, en se penchant sur mon berceau avait dû sérieusement picoler avant de jeter un cil sur le gracieux bambin que j’étais !
C’était sans doute « jour avec »*. La bougresse m’a affublé, entre autres, de deux mains gauches. Cela ne se voit pas trop car j’en garde constamment une dans ma poche pour éviter les comparaisons, mais le fait est là !
On peut dire que j’ai souffert dans ma jeunesse. Bien que né dans le très chic 16ème arrondissement de Paris, la minuscule artère ayant abrité mes premiers vagissements, entre la Seine et la future Maison de la Radio, s’appelait (et s’appelle toujours) la rue Eugène Poubelle. Ca démarrait fort.
Ajoutez à cela que, quelques jours après mon arrivée en cette vallée de larmes, nos amis Anglais, avec leur sens de l’humour so British, bombardaient allègrement et pour la énième fois, les usines Renault toutes proches, sous le fallacieux prétexte que nos cousins Germains y prenaient un peu trop leurs aises.
Du coup, la mode à l’époque étant aux berceaux à roulettes, j’ai été souvent bercé trop près du mur. Ne cherchez pas : tout vient de là.
Alors, pourquoi donc m’être lancé dans le modélisme, qui plus est d’arsenal ou, en ce qui me concerne, à «tendance arsenal»? Par esprit de contradiction, tout simplement.
Toujours est-il que les poulies m’ont toujours posé un insurmontable problème. Hé oui, il faut aussi que je l’avoue, je suis un incurable perfectionniste et veux que toutes ces petites pièces soient non seulement conformes mais de plus identiques. Allez faire ça à la paluche.
Bien évidemment, si l’ami Chenivesse avait commercialisé sa « Poulieuse Magique» sur laquelle j’avais fondé les plus grands espoirs, je m’en serais, vous vous en doutez bien, immédiatement porté acquéreur. Las, bien que parfaitement fonctionnelle, elle est restée à l’état de prototype et « d’obscur objet du désir », du moins en ce qui me concerne.
Il y a fort longtemps, lors d’une de ces douloureuses crises de fièvre acheteuse qui parfois me terrassent, je m’étais porté acquéreur d’un bidule-accessoire Proxxon, aussi farfelu que mal foutu, censé permettre de graver des lettres sur différents supports.
Vous pensez bien que, je ne m’en suis pas vanté. Pourtant, je tire une certaine fierté, quoiqu’un un peu teintée d’amertume, à savoir que je suis un des rares possesseurs de ce coûteux fourbi, en Europe et voire même en d’autres lieux découvrant à marée basse.
N’ayant pas tardé à démontrer sa parfaite inutilité, sa plus complète inefficacité et son ergonomie résolument novatrice bien que définitivement inutilisable, le surnuméraire s'empoussièrait tranquillement sur une étagère lorsque me vint l’idée (c'est toujous là qu'il faut que je me méfie) d’utiliser cet espèce de fraiseur-pantographe à la noix, pour reproduire des formes constantes : à savoir le profil idéal d’une gironde poulie dont je n’aurais pas à rougir.
Oeuf corse, cette « méthode » n’est rapportée qu’à titre purement informatif et strictement gondolatoire car peu nombreux sont, je l’espère pour eux, les modélistes équipés d’un tel dispositif.
Le principe est donc d’utiliser des gabarits à la forme des différentes poulies, pour découper, à la fraise et dans une plaque de poirier de la bonne épaisseur, des séries de pièces censément identiques.
Théoriquement, le pentographe permettait, entre autres, un rapport de réduction de 2 à 1 ; en fait, s’agissant, non pas d’un cercle mais d’un ovale, par tâtonnements successifs, il m’a fallu trouver, le rapport d’agrandissement du contour original de la poulie pour obtenir une pièce conforme (à titre d’information 230% pour la longueur de caisse et 220% pour la largeur).
Le gabarit est découpé à la scie à chantourner dans une plaque de buis, puis collé sur une deuxième plaque de même épaisseur en ébène (j'avais des chutes sous la main), l’ensemble étant maintenu en position sur la table de guidage.
Une fraise de 0,6 mm est monté sur la fraiseuse ; le reste n’est plus que la découpe en série.
La finition des poulies (ouverture des clans, goujures, mise en forme) se fait ensuite classiquement, à la fraiseuse ou la paluche, suivant les opérations.
(une partie des poulies est encore brute de fraisage)
J’avais bien pensé à fraiser d’abord les clans d’une série de poulies, dans une baguette légèrement plus large que la largeur de caisse et à découper ensuite. Cette opération nécessitait un ajustement rigoureux du gabarit et la pièce à découper. Craignant que, si l’intégralité de mes travaux était un jour rendu publique, je devienne –comme cela risque fort de se produire- pensionnaire attitré de l’Asile de Charenton, tout proche de mon domicile, j’ai trouvé plus prudent d’arrêter à ce stade mes élucubrations.
Et vu qu’il n’y a qu’un pas du Capitole à la Roche Tarpéienne, faut pas tenter le diable, ça lui donne des idées. Quoique, finalement, à propos d’idée, hein ? La CNC, ce n’est peut-être pas si mal ? Et puis, il y a de nombreux kits pour la MF 70.
Et si l’histoire n’était pas finie ? Ou alors, c’est moi qui ne le suis pas (fini) ?
--------------------------
* Pendant cette sombre période de l’Occupation, il y avait, dans les bistrots, les jours « avec alcool » et les jours « sans alcool ».
Trop de poulies pour être au net….
Ma marraine la fée, en se penchant sur mon berceau avait dû sérieusement picoler avant de jeter un cil sur le gracieux bambin que j’étais !
C’était sans doute « jour avec »*. La bougresse m’a affublé, entre autres, de deux mains gauches. Cela ne se voit pas trop car j’en garde constamment une dans ma poche pour éviter les comparaisons, mais le fait est là !
On peut dire que j’ai souffert dans ma jeunesse. Bien que né dans le très chic 16ème arrondissement de Paris, la minuscule artère ayant abrité mes premiers vagissements, entre la Seine et la future Maison de la Radio, s’appelait (et s’appelle toujours) la rue Eugène Poubelle. Ca démarrait fort.
Ajoutez à cela que, quelques jours après mon arrivée en cette vallée de larmes, nos amis Anglais, avec leur sens de l’humour so British, bombardaient allègrement et pour la énième fois, les usines Renault toutes proches, sous le fallacieux prétexte que nos cousins Germains y prenaient un peu trop leurs aises.
Du coup, la mode à l’époque étant aux berceaux à roulettes, j’ai été souvent bercé trop près du mur. Ne cherchez pas : tout vient de là.
Alors, pourquoi donc m’être lancé dans le modélisme, qui plus est d’arsenal ou, en ce qui me concerne, à «tendance arsenal»? Par esprit de contradiction, tout simplement.
Toujours est-il que les poulies m’ont toujours posé un insurmontable problème. Hé oui, il faut aussi que je l’avoue, je suis un incurable perfectionniste et veux que toutes ces petites pièces soient non seulement conformes mais de plus identiques. Allez faire ça à la paluche.
Bien évidemment, si l’ami Chenivesse avait commercialisé sa « Poulieuse Magique» sur laquelle j’avais fondé les plus grands espoirs, je m’en serais, vous vous en doutez bien, immédiatement porté acquéreur. Las, bien que parfaitement fonctionnelle, elle est restée à l’état de prototype et « d’obscur objet du désir », du moins en ce qui me concerne.
Il y a fort longtemps, lors d’une de ces douloureuses crises de fièvre acheteuse qui parfois me terrassent, je m’étais porté acquéreur d’un bidule-accessoire Proxxon, aussi farfelu que mal foutu, censé permettre de graver des lettres sur différents supports.
Vous pensez bien que, je ne m’en suis pas vanté. Pourtant, je tire une certaine fierté, quoiqu’un un peu teintée d’amertume, à savoir que je suis un des rares possesseurs de ce coûteux fourbi, en Europe et voire même en d’autres lieux découvrant à marée basse.
N’ayant pas tardé à démontrer sa parfaite inutilité, sa plus complète inefficacité et son ergonomie résolument novatrice bien que définitivement inutilisable, le surnuméraire s'empoussièrait tranquillement sur une étagère lorsque me vint l’idée (c'est toujous là qu'il faut que je me méfie) d’utiliser cet espèce de fraiseur-pantographe à la noix, pour reproduire des formes constantes : à savoir le profil idéal d’une gironde poulie dont je n’aurais pas à rougir.
Oeuf corse, cette « méthode » n’est rapportée qu’à titre purement informatif et strictement gondolatoire car peu nombreux sont, je l’espère pour eux, les modélistes équipés d’un tel dispositif.
Le principe est donc d’utiliser des gabarits à la forme des différentes poulies, pour découper, à la fraise et dans une plaque de poirier de la bonne épaisseur, des séries de pièces censément identiques.
Théoriquement, le pentographe permettait, entre autres, un rapport de réduction de 2 à 1 ; en fait, s’agissant, non pas d’un cercle mais d’un ovale, par tâtonnements successifs, il m’a fallu trouver, le rapport d’agrandissement du contour original de la poulie pour obtenir une pièce conforme (à titre d’information 230% pour la longueur de caisse et 220% pour la largeur).
Le gabarit est découpé à la scie à chantourner dans une plaque de buis, puis collé sur une deuxième plaque de même épaisseur en ébène (j'avais des chutes sous la main), l’ensemble étant maintenu en position sur la table de guidage.
Une fraise de 0,6 mm est monté sur la fraiseuse ; le reste n’est plus que la découpe en série.
La finition des poulies (ouverture des clans, goujures, mise en forme) se fait ensuite classiquement, à la fraiseuse ou la paluche, suivant les opérations.
(une partie des poulies est encore brute de fraisage)
J’avais bien pensé à fraiser d’abord les clans d’une série de poulies, dans une baguette légèrement plus large que la largeur de caisse et à découper ensuite. Cette opération nécessitait un ajustement rigoureux du gabarit et la pièce à découper. Craignant que, si l’intégralité de mes travaux était un jour rendu publique, je devienne –comme cela risque fort de se produire- pensionnaire attitré de l’Asile de Charenton, tout proche de mon domicile, j’ai trouvé plus prudent d’arrêter à ce stade mes élucubrations.
Et vu qu’il n’y a qu’un pas du Capitole à la Roche Tarpéienne, faut pas tenter le diable, ça lui donne des idées. Quoique, finalement, à propos d’idée, hein ? La CNC, ce n’est peut-être pas si mal ? Et puis, il y a de nombreux kits pour la MF 70.
Et si l’histoire n’était pas finie ? Ou alors, c’est moi qui ne le suis pas (fini) ?
--------------------------
* Pendant cette sombre période de l’Occupation, il y avait, dans les bistrots, les jours « avec alcool » et les jours « sans alcool ».
Dernière édition par Alain Fosse le Ven 2 Jan 2015 - 9:27, édité 1 fois
Re: L'illuminé de Noël
On dirait bien les prémices d'une nouvelle aventure!
Vas-y Alain, régales nous, par ta prose, de tes expériences à venir.
Vas-y Alain, régales nous, par ta prose, de tes expériences à venir.
bernardw- Messages : 837
Date d'inscription : 25/05/2010
Localisation : Paris 15 / La Rochelle
Re: L'illuminé de Noël
en prose ?en prose ? plutot en alexandrins svp !!!
dusuaum- Messages : 159
Date d'inscription : 24/05/2010
Localisation : 50230 agon-coutainville
Re: L'illuminé de Noël
Bon...
La prochaine étape, c'est du fil fusible de poirier et une imprimante 3D.
Petite faute de goût dans cette remarquable prose :
N’ayant pas tardé à démontré sa parfaite inutilité mais N’ayant pas tardé à démontrer sa parfaite inutilité
La prochaine étape, c'est du fil fusible de poirier et une imprimante 3D.
Petite faute de goût dans cette remarquable prose :
Re: L'illuminé de Noël
Merci de cette remarque aussi constructive que pertinente, je me suis tromper...JiPeheL a écrit:Petite faute de goût dans cette remarquable prose :N’ayant pas tardé à démontré sa parfaite inutilitémais N’ayant pas tardé à démontrer sa parfaite inutilité
Re: L'illuminé de Noël
Ça me rassure, je ne suis pas le seul à posséder des neurones qui font de fortes omissions avec les participes passés
_______________________________________________
Francis
Francis Jonet- Modérateur
- Messages : 9366
Date d'inscription : 24/05/2010
Localisation : Moulin-Neuf - Ariège
Re: L'illuminé de Noël
Pour Alain, dont orthographe et syntaxe sont remarquables, j'opterais plutôt pour des suites de réveillons.
Pierre
Pierre
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|