Papibato le retour...

Bonjour à tous.
Absent du forum depuis des années, je passe vous faire une petite visite. Je m'étais inscrit sur ce forum quelques années avant de prendre ma retraite avec la ferme intention de construire plein de modèles. J'ai suivi avec admiration et envie vos réalisations, osant parfois publier un modeste essai. J'ai acheté des monographies, de l'outillage grâce au regretté Bosco, du poirier en planches, en plots, en grumes...et j'ai abandonné lâchement le modélisme d'arsenal.
Pourquoi? J'ai renoué avec l'autre passion de mon adolescence, la musique et plus précisément la guitare. La guitare classique qui dormait dans son étui depuis près de 40 ans. Inutile de vous dire que mes doigts avaient oublié leur souplesse et que ma mémoire n'était plus aussi réceptive.
Je dois donc me faire à l'idée que mes progrès, malgré toute ma bonne volonté, ne me permettrons jamais de jouer dans la cours des grands. Peu importe, la joie de jouer est toujours là.
Cependant, grâce à vous, je pense avoir développé quelques aptitudes dans le domaine du travail du bois. C'est pourquoi je me suis lancé dans la construction d'une guitare classique dont je vous montre ici quelques photos. La lutherie est proche parente du modélisme d'arsenal par la minutie, la précision et le respect des formes et des plans qu'elle exige, sans oublier les préoccupations esthétiques sans lesquelles il ne saurait y avoir de création.



Pas de poirier pour cette guitare mais une table en épicéa, le dos et les éclisses sont en noyer français, le manche en cedro du Honduras et la table de touches est en ébène. Il me reste à insérer les frettes, à vernir au tampon et à coller le chevalet sur lequel sont attachées les cordes. Alors, je pourrai découvrir la sonorité en espérant qu'elle sera à la hauteur de mes efforts.
La prochaine, car il y en aura une autre, aura un dos et des éclisses...en poirier!
Merci à vous pour la richesse de ce forum et l'attention amicale qui y circule.
Bernard

Je te souhaite un son à la hauteur de la qualité de ton travail!
Jacques (la mienne dort depuis plus de 50 ans... je n'ai pas retrouvé l'envie)

Bon retour sur le forum avec peut-être une petite idée derrière la tête?
La lutherie est aussi une belle passion.
L’adrénaline est à son comble quand on accorde l’instrument pour la première fois.
Belle guitare, est tu inscrit sur un forum de passionnés?
Je suis à la recherche d’une fausse rosace pour une petite guitare, as tu une adresse à me communiquer ?.
Bonne suite avec peut-être un peu plus de photos du chef d’œuvre lors de son élaboration.Bon courage pour la suite, Jacques.

Merci pour vos messages.
Effectivement, je suis inscrit sur un site de passionnés de guitare classique. On y trouve des amateurs, comme moi, mais aussi des concertistes confirmés, des professeurs, des luthiers et les échanges sont toujours courtois et positifs, comme sur Marine et modélisme d'arsenal.
J'ai ainsi pu bénéficier de conseils éclairés, d'exemple de constructions professionnelles ou d'amateurs. J'ai à ma disposition une large liste de sites où trouver de l'outillage, des produits et des bois dédiés à la lutherie. Ce dernier point est très important car la guitare est constituée d'un ensemble de pièces collées. La qualité des bois et celle du collage sont primordiales pour la solidité de l'instrument et sa sonorité.
Pour ceux que ça intéresse voici quelques adresses:
http://lutherie-guitare.org (pour la construction amateur)
https://www.madinter.com (pour l'achat des bois et outils, mais il y en à d'autres)
sur youtube: 2 vidéos très bien faites Construction d'une guitare haut de gamme 1 et 2

Quelques photos de la construction: La table d'harmonie, c'est à elle que sont transmises les vibrations des cordes par l'intermédiaire du chevalet. Elle amplifie le son qui est renvoyé par l'ensemble de la guitare à travers la bouche.


La table est constituée de 2 parties symétriques réalisées dans la même planche (ici de l'épicéa mais on utilise aussi du red cedar)
Le collage doit être parfait aussi il est important de bien dresser les bords en contact pour qu'il n'y ait aucun jour.




L'épaisseur doit être réduite afin d'obtenir la souplesse mais aussi la rigidité suffisantes qui vont assurer la solidité de l'instrument ainsi que ses qualités sonores.
Le bois vendu l'est généralement sous la forme de 2 parties symétriques mais d'une épaisseur de 4 à 5 mm. Cette épaisseur doit être ramenée entre 1,8 et 2,5 mm suivant les zones de la table.

La rosace: élément purement décoratif, la signature du luthier, en quelque sorte.
Elle peut être réalisée en dehors de la table puis incrustée ou collée directement, élément par élément dans une gorge creusée. C'est cette méthode que j'ai employée après quelques essais insatisfaisants.


La rosace est constituée de petits filets découpés dans du placage d' érable naturel ou coloré.


Un projet est nécessaire afin d'organiser les motifs et les couleurs.


Les pièces sont découpées, ajustées et collées une à une....


...et les filets complètent le motif. C'est la partie la plus personnelle du luthier qui peut laisser libre cours à sa fantaisie, sans effet pour la sonorité de l'instrument

Le barrage: Comme les carènes des bateaux, l'architecture de la guitare n'a cessé d'évoluer au cours des siècles. C'est Manuel de Torres, un luthier espagnol du XIX ème siècle qui a déterminé les proportions de la guitare moderne. Depuis, de nombreux luthiers se réfèrent à ses travaux mais tout en continuant à faire évoluer l'instrument.
Le barrage est destiné à renforcer la table afin qu'elle encaisse la forte traction des cordes sans se déformer tout en amplifiant le son: rigidité et élasticité, deux qualités qui semblent contradictoires. On retrouve cette dualité dans l'architecture navale où la robustesse doit accompagner les qualités véliques et la maniabilité.
J'ai suivi le plan d'une guitare construite par le luthier français Robert Bouchet auteur, entre autres, de guitares jouées par Ida Presti et Alexandre Lagoya.


Le barrage est constitué de renforts en éventail et de barres transversales. Chaque luthier mène des recherches afin de trouver le meilleur rapport entre ces deux qualités si importantes. Le nombre de renforts varie ainsi que leur disposition à l'intérieur de la table. Ces recherches sont guidées par l'expérience, la connaissance des bois.


La qualité du collage est primordiale. Les anciens utilisaient des colles d'os, aujourd'hui encore certains luthiers les emploient mais des colles modernes sont tout à fait à la hauteur des exigences de la lutherie sans compter leur facilité de mise en oeuvre.
La pression à maintenir pendant l'assemblage doit être suffisante mais l'épicéa est un bois tendre et elle doit être correctement dosée afin d'éviter toute déformation.
Le support sur lequel est construite la guitare permet d'obtenir le galbe de la table, qui n'est pas plate. Certains luthiers emploient ce qu'ils appellent un "ciel de luthier". C'est un dispositif qui permet, au moyen de baguettes flexibles, d'appliquer une pression correcte sur les éléments du barrage pendant le séchage de la colle.