Le Santísima Trinidad

Bonjour,

Comme vous l'avez certainement constaté, je ne suis pas un grand spécialiste de la construction navale (j'aime à penser que je connais quelques bases mais pas plus). Il n'y a encore que quelques mois, je m'intéressais simplement à l'histoire de la Marine française aux XVIIe et XVIIIe siècles, notamment à l'époque napoléonienne. J'ai ensuite découvert ce forum et je me passionne maintenant de plus en plus sur le sujet (bien que je ne pratique pas du tout le modélisme)... Bref, j'ai des dizaines de questions à vous poser, cela viendra petit à petit, mais en attendant, je ne peux m'empêcher de vous en poser une concernant le célèbre vaisseau espagnol Santísima Trinidad.

Je (re)lis actuellement l'ouvrage de M. Rémi Monaque consacré à la bataille de Trafalgar. Dans ce livre, Monaque écrit que le Santísima Trinidad était un quatre-ponts unique en son genre. Le fait est que je ne comprends pas pourquoi ce vaisseau est qualifié de "quatre ponts", et cela me perturbe d'autant plus que ce n'est pas la première fois que je lis ce genre de chose à propos du bâtiment espagnol.

Si je ne dis pas de bêtises (j'espère!), Le (La?) Santísima Trinidad est un trois-ponts dont les gaillards ont été réunis. Si ce que je dis là est juste, on peut effectivement penser que cette réunion des gaillards forment une sorte de quatrième pont. Mais pourquoi qualifier le vaisseau de "quatre-ponts unique en son genre" ? Cette réunion des gaillards n'a t'elle pas été généralisé après l'Empire ? Ce n'est pas pour autant que l'on qualifiait les frégates de "deux-ponts" ou même les 80 canons type Sané de "trois-ponts", par exemple.

J'aimerais donc savoir si je suis dans le vrai ou si tout ce que je raconte ne fait que prouver mon ignorance

(J'espère que ce sujet est à sa place dans cette rubrique)

Il y a quelques années, on en avait discuté, et on était arrivés à la même conclusion que toi, c.à d. que ce trois ponts étaient un trois ponts, car les sources ne sont jamais très nettes, même, (surtout?) chez les Espagnols qui tiennent à leur quatre ponts. C'était bien, à la construction, un trois ponts dont on avait relié les gaillards et armé les passavants.

Je m'en souviens très bien.

Disons que la Santissima Trinidad est un trois-ponts en avance sur son temps, ayant sa 3° batterie entièrement
couverte depuis 1799 suite à une refonte, comme cela deviendra l'usage au XIX° siècle.

La Constitution, frégate américaine lancée en 1797, avait aussi sa batterie principale couverte.
Les Américains n'ont jamais prétendu pour autant qu'il s'agit d'un deux-ponts (nous aurions tous ri).

Étant donné que les Français sont largement responsables de la perte de ce superbe vaisseau, laissons au moins
ce petit plaisir à nos amis du pays de Dali.

Philippe

Merci à tous les deux pour vos réponses

Pourquoi avoir relié les gaillards et armé les passavants ? Je veux dire pourquoi ce vaisseau et pas un autre ? J'ai lu que la Santissima Trinidad a toujours eu de gros problèmes de stabilité. Est ce que ces modification étaient destinés à réduire ces problèmes ? Comme je vous l'ai dis, je ne suis pas spécialiste dans le domaine donc ma dernière question est peut être stupide.

A la même époque, le Rayo, vaisseau deux-ponts espagnol, a été transformé en trois-ponts, passant ainsi de 80 à 100 canons, après sa refonte de 1804. Est ce que les espagnols ont procédés de la même manière que pour la Santissima Trinidad (réunion des gaillards et armement des passavants) ? Je pense que oui mais j'aimerais une confirmation.

Oui c'est bien ça.
D'autres vaisseaux espagnols de 80 canons furent d'ailleurs concernés.
Et comme je l'ai dit, cette pratique est devenue la règle au XIX° siècle, surtout après 1820.
Cette batterie "supplémentaire" mais à "ciel ouvert" était en revanche toujours légèrement armée :
caronades principalement et "obus" (obusiers) dans le cas des espagnols dont on parle.
Il semble évident que cet ajout tardif n'a rien arrangé aux problèmes de stabilité de la Santissima Trinidad
qui, d'ailleurs, a subi à cette occasion une légère augmentation de ses dimensions.

Philippe

Je vous remercie pour votre réponse rabitsky