Le Modeste, 64 canons, 1759 au 1/36 par Nick Moerman

Bonjour,

Après avoir construit plusieurs modèles de navires de pêche, l'envie de bâtir un vaisseau plus complexe est devenu trop fort.
Initialement j'avais pensé à une unité de la jeune marine belge , mais faute de documentation et le choix (très) réduit de navires , cette idée fut abandonnée.
Autre possibilité qui valait le temps de recherche, la Compagnie d'Ostende qui faisait une vingtaine de voyages vers l'Inde entre 1721 et 1731.
Mais pas de bol là aussi, peu d'info disponible au sujet des navires eux-mêmes.

Alors , séduit par les lignes et décors d'un dessin anglais dans le livre Vaisseaux de 50 et 64 canons, je me suis mis à examiner la possibilité d'en faire un modèle.
Comme le titre du sujet indique, il s'agit du Modeste, l'un des derniers vaisseaux de 64 canons construit en France, la formule du 74 canons gagnant d'intéret.
Mis sur cale à Toulon en avril 1756, il fut lancé le 2 février 1759.
Conçu par Noël Pomet , ingénieur constructeur qui a construit deux vaisseaux de 64 et trois de 74 pour la Marine.

Dans l'année de son lancement, ce vaisseau a été capturé par les anglais lors de la bataille de Lagos à la sortie de la Méditerranée .
Trois dessins de relevé sont conservés au National Maritime Museum à Greenwich et depuis peu disponible gratuitement en ligne sur internet.
Deux élévations avec et sans décors et un dessin des ponts et aménagements.
De plus , la SHD à Toulon tient le dessin de conception d'origine.

Dans un autre sujet j'ai montré l'étude des dessins pour déterminer la structure de la charpente , on peut suivre les détails ICI

Aidé par les directions de notre prof Gérard Delacroix , la mémoire sur les proportions des bois qui composent la construction des vaisseaux par Pierre Morineau , le manuscrit de Bigot de Morogues  et le traité de mâture et de la voilure de Charles Romme, j'arrive doucement à dessiner la carcasse du vaisseau.
Un an de passé depuis les premiers traits sur Autocad, jai commencé à faire la quille avec étrave et étambot.

Voici une première photo du chantier :


Demain, prochaines photos, la lumière du jour est meilleure dans mon petit atelier.

Voilà, j'espère gagner votre interêt pour mon premier grand projet .

Cordialement,
Nick

A very interesting project. I wish you a lot of fun and success.

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Un projet très intéressant, je vous souhaite beaucoup de plaisir et de succès.

J'attends la suite avec intérêt Nick et tu pars sur de bonnes bases avec des informations de 1er choix, cela devrait bien se passer.

Une belle aventure en perspective que nous allons suivre avec intérêt.

Jean-Jacques

Super votre projet, partir de rien, dessiner vos plans, faire un modèle unique..top et respect    Et j'ai trouvé vos échanges avec Gérard sur l'autre post très intéressants..

Guillaume

Promesse faite ...,

je mets quelques photos des premiers travaux :
la table de travail motorisé qui facilitera l'installation de la mâture et le chantier mobile pour passer par les portes  


l'étambot, contre-étambot , courbe et pièce morte provisoirement placés, les fentes dans les cotés sont fraisées pour avoir des repères des formes en V dans ce massif.
La lisse d'hourdi et la barre au dessus  sont entaillés à margouillet dans l'étambot, la barre de pont et celles en dessous s'entaillent dans le contre-étambot .
La courbe d'étambot ainsi que sa pièce de prolongement vers la dernière barre d'arcasse , ont la largeur maximale requise.
La quille n'est pas coupé à longueur et doit encore recevoir la rablure et entailles pour les tenons des pièces d'étambot.
Les adents qui recevront les fourçats sont fraisés, il leur manque les mortaises pour fixer leurs pieds.
Sur le chantier on peut voir l'emplacement des couples et la direction des estaings avec  leurs gardes .
La hauteur du chantier est évidemment à la ligne du fort au maitre-couple.



l'étrave mis en ébauche, rablure encore à tailler. Voyez aussi les allonges d'écubier extrapolées sur le chantier.


le remplissage entre quille et étambot vu de coté avec un extrait du dessin de votre serviteur.


La courbe d'étambot avec un triangle de remplissage en dessous. Je m'efforce de trouver un fil de bois réaliste qui suit les courbes au mieux.


Fraisage des adents pour fourçats

Quelque vues de l'atelier et de la machinerie :









Je dois avouer que la taille du chantier est déjà impressionant, le modéle fera 1,363 m de longueur entre verticales.

Merci pour les ecouragements, dans ce forum on est toujours bien guidé pour repousser ses limites.

Bonjour,
Petit avancement, le contre-étambot en dehors, les entailles dans la quille pour le talon de l'étambot et enfin la rablure.
Les bords des entailles ne sont pas très esthétiques mais après montage de l'étambot ils ne seront plus visibles, le but étant de fixer mécaniquement et chimiquement (colle)
Pour creuser la rablure j'avais commandé une fraise à graver avec un angle de 60 degrées, mais elle arrache trop les fibres du bois dans les courbes.
C'est peut-être du à la vitesse basse de la fraiseuse ?
Donc recours au tarabiscot . Celui-ci est fait d'une lame de grattoir pour verre vissée sur un chute de bois longue.
Tout de même le bois tors a causé pas mal d'injures  

Une rablure bien propre avec un outil bien simple. Bravo

The rabbet for me looks sharp end exact. Better than on my La Belle. I used the same methode but i get too much chatter marks. I think my blade wasn´t sharp enough. Your looks much sharper and your result as well.

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La râblure me semble exacte. Mieux que sur ma Belle. J'ai utilisé la même méthode mais j'ai obtenu trop de marques de broutage. Je pense que ma lame n'était pas assez aiguisée. Votre lame est beaucoup plus aiguisée et votre résultat aussi. 

Pour faire une rablure de 3 millimètre de large et 2,4 mm de profondeur, j'ai appris de gratter d'abord la médiane et puis approfondir en appuyant sur un seul cotè à la fois. Finition en reprenant la médiane. Il faut moins d'effort pour enlever la matière et les accrochements sont moins catastrophiques .

Longueur totale 3,72 m , vive l'huile de coude.

Bonjour,

Les jours fériés m'ont permis un peu de travail sur l'arcasse.
Voici d'abord le dernier couple (n°66) avec les épargnes en biais pour loger les pieds des estains ,
j'ai laisse une surépaisseur aux premières allonges du coté intérieur de lla coque  pour contrer d'éventuelles anomalies avec les barres d'écusson.:



le montage des fourçats avec les oreillers dont celui de haut est pourvu d'une patte loup, censé de solidifier le pied du couple :
Je dois dire que les deux pièces verticaux ont été remplacés entretemps, les pieds des estains tombaient pil poil sur le joint avec les premières allonges   .




Et puis un montage provisoire de l'arcasse avec les estains, la lisse d'hourdi, barre de pont et barres d'écusson .
En tout, c'est assez réussi je pense, un peu d'équilibrage quelques petits ajustements et ce sera prêt pour un montage définitif.

beau travail

Bonjour,

C'est bien. Les espaces entre les barres d'écusson (pas les "barres d'arcasse") sont toujours aussi surprenants, on en a déjà parlé car la maille entre elles est peu courante.

G. Delacroix a écrit:Bonjour,

C'est bien. Les espaces entre les barres d'écusson (pas les "barres d'arcasse") sont toujours aussi surprenants, on en a déjà parlé car la maille entre elles est peu courante.

Merci Gérard, c'est rectifié

Très beau travail de conception tout d'abord, sujet intéressant ça donne envie de se lancer

Petite pièce de 28 cm de long, le gouvernail .

En préparation, les renforts en fer autour de la tête de mêche.
Photos à venir.



la tête perdra encore un peu de sa hauteur, elle reste en dessous du bordage du deuxième pont et n'a donc pas de trou de reserve en haut au cas de rupture de la barre de gouvernail.

La largeur sous la mortaise est très réduit et affaiblit la tête et elle ne permet pas de placer un cerclage en fer. Petit soucis à ce niveau.

Eh oui,
c'est déjà prévu de mettre des petits coins de remplissage, ils ne se verront pas sous le cerclage du bas.
Seul problème , le bas de ce cerclage va toucher la tête du contre-étambot dès que le gouvernail tournera.
Faudra y enlever la matière qui gène, la largeur du cerclage est à respecter  

Pas toujours évident de suivre les cotes du dessin.

Il me semble que j'avis eu le même problème avec Le Fleuron, il faut arriver à grignoter quelques mm.

Toujours occupé avec le gouvernail, je me demande comment réaliser sa sauvegarde et brague .

Sur la photo ci-joint du modèle du Bien-Aimé , je crois une restauration fautive a été exécuté.
Les chaines de la sauvegarde devraient se fixer environ à coté du sommet des sabords de retraite non ?
Et les cordages contournant les bouteilles directement sur le safran pour manoeuvrer en cas de rupture de la barre de gouvernail.
Pour la brague , on trouve soit en une pièce qui traverse un trou dans le saffran et frappée sur des boucles au contre-étambot, soit deux bouts de cordage , un de chaque coté du safran comme dans la photo.

Bonjour,

Avant tout il faut savoir qu'il y deux types de sauvegardes, d'abord les sauvegardes "de retenue" (celles qui sont en chaîne) qui évitent de le perdre s'il sortait de ses gonds malgré la brague qui est là pour l'empêcher, d'autre part les sauvegardes dites "de manœuvre" qui permettent de contrôler le gouvernail et de l'immobiliser afin de changer la barre si elle venait à se rompre.
Sur cette photo, il y a manifestement un problème car la fixation des sauvegardes de retenue sont sous le niveau de l'eau. Même si, normalement, elles sont proches de l'eau et c'est pour cette raison qu'elle sont en chaîne, elles ne sont jamais immergées. Je pense que ce gouvernail, trop petit, n'est pas d'origine ou la peinture de la carène est mal faite. L'extrémité haute des chaines est généralement soutenue par une boucle  située de chaque coté au niveau de la lisse d'hourdi (ou du cordon de voute suivant les cas) sensiblement à moitié de la demi-largeur.
Les sauvegardes de manœuvre sont fixées sur des boucles latérales du gouvernail et le contrôle plus ou moins lors du changement de barre. Elles montent de chaque coté de l'arrière dans des mains de bois ou de fer  (genre de crampes) le long des bouteilles et sont généralement placées sur le porte-haubans d'artimon en attente de servir.
Il y a ici un mélange des deux assez discutable.

Merci gérard,

j'avais remarqué cette disposition sur l'Artésien mais il y avait un doute sur les habitudes au ponant vers ceux du levant.

Bonjour,
Pour Le Fleuron J'ai adopté cette disposition après en avoir discuté avec GD.






jacques

Je n'ai pas été assez précis : quand je dis "Il y a ici un mélange des deux assez discutable", je veux dire par rapport à la théorie des textes qui nous servent de référence. 
Quelques modèles du musée présentent ces dispositions et notamment celui de L'Egyptienne mais il y en a d'autres. C'est pour cette raison que je l'ai conseillé à Jacques pour son Fleuron qui est contemporain ou presque du Bien-Aimé.
Est-ce une réalité ou bien une anomalie des restaurateurs du XIXe siècle ? Je n'ai pas la réponse. Comme cette disposition n'est pas rare, le doute est permis.