La vie avant AutoCad (et autres)

Même si je n'ai jamais travaillé comme ça, c'est bien par la table à dessin que j'ai appris
Rottring, gomme, lame, le pied...

Bonjour,
j'ai commencé au tire-ligne manche en os, branches en bronze et "lames" en acier. Un héritage confié par mon père ; toutes les pièces, compas, rallonges et autres dans une boite en bois avec écrin de velours bleu nuit. Et j'allais à l'école avec mon grand porte-dessins, la planche, le té (en merisier ; il a terminé en baguettes ) et les 2 équerres.
Gérard

un dessin de mon arriere grand pere quand il était à l'école de Rochefort (1880)

Ah ouais ! Je crois qu'il me reste quelques dessins du trait de charpente, il faudrait que je ressorte ça !!! Pas sûr d'être capable de savoir le refaire...

Je crois que nous sommes beaucoup à être passes par là.
Mon père, Maître ferronnier d'art m'a laissé des dessins sur canson gris au fusain des ferronneries de l'hôtel des Rottchild, et des décors du musée des colonies à Paris.
Pour ma part j'ai contribué dans un BE de 80 dessinneux à la naissance des radars de l'aviation, de la Marine et de l'armée de terre.
Ce fut une période de création enthousiasmante.
Mais j'ai eu mon premier ordinateur "portatif" en 1974. Quel changement !

ça me rappelle le lycée quand j'apprenais le dessin industriel dans les années 67 a 70 souvenirs .....souvenirs

Et les épures de géométrie descriptive... Avec les traits à l'encre de    rouge, plus fluide que la noire et qui ne demandait qu'à couler partout...

Merci Gaspard Monge !

Pareil pour moi: de la 4é à la terminale avec planche, té et équerres et carton qui au début tenait à peine sous le bras! Je vous dis pas dans le tramway ou sur la mobylette…
En 1ere année de BTS on avait droit à une table à dessin avec un règle coulissante: quel progrès et enfin en 2eme année le pantographe: quel fierté de travailler comme les pros. Nostalgie, nostalgie. Patrick

J'ai obtenu mon Cap de dessinateur en 63. J'ai toujours ma planche a dessin, et mon T en merisier, mais il ne me reste plus que mon équerre à 45 °en poirier.
Et je possède toujours ma boite de compas S L en bois recouvert de velours noir  à l'intérieur.

Je me suis rendu compte l'année dernière que les jeunes ne savent plus faire une épure à la main, et que c'est plus long avec leur ordinateur.
En réalité, c'est plus long parce qu'ils ne comprennent plus vraiment ce qu'ils font.
Exactement comme mon père qui calculait plus vite mentalement que nous avec une calculette.
Il donnait le résultat dès le dernier chiffre énoncé, avant que nous ayons fini de saisir les chiffres.
Et je l'ai vu a plusieurs reprises demander à la caissière du supermarché de recommencer parce que le total était faux. C'était avant l'installation des systèmes automatique de lecture des codes barres.

Tout cela pour dire que quand on  a pas le moyen de faire autrement et que l'on fait réellement appel à la puissance de notre cerveau, on peut réaliser des choses qui semblent impossible aux jeunes générations qui se reposent sur leur smartphone et le questionnent oralement  "Google dit moi ... "
Après avoir perdu en capacité de dessin, de géométrie descriptive(descro), de calcul mental, je constate qu'à force de faire confiance à leur téléphone les jeunes commencent à ne plus faire travailler leur mémoire. Ils vont également perdre en capacité de mémorisation.

Et un bon moment quand on changeait la couverture de la planche à dessin en canson beige clair. bien fixé au scotch sur les 4 bords, passage à l'éponge mouillée et hop le lendemain on disposait d'une planche toute neuve tendue comme une peau de tambour.

Bonjour à tous

Je suis un peu plus jeune que vous   et j’ai aussi connu la table à dessin avec la règle qui coulisse.
On travaillait sur le traçage d’epure  d’intersections de cylindre avec sphère etc .....
C’etait A l’école des arpètes à Cherbourg.
J’adorais ça !

J’ai constaté ce que vous dites sur les encore plus jeunes que moi. J’ai eu un apprentis, il y’a 2 ans , et il m’en a fait une bonne.
On relève une côte à bord du sous marin pour tracé un truc . Je lui dit qu’il faut qu’on fasse le milieu de notre relevé , et là il me sort son téléphone . Je lui demande ce qu’il fait , il me répond « il faut que je calcul pour trouver la moitié »
Il fallait calculé 130 : 2
Aïe aïe aïe .

Bonne soirée

Ce qui me navre le plus n'est pas cette capacité mécanique mémorielle dont bon nombres de nos enfants sont dépourvus. Bien plus une quasi absence de culture dans maints domaines principalement due à une pratique quasi inexistante de la lecture. Encore faut-il relativiser en tentant de nous souvenir de ce que nous savions au même âge, ne dit-on pas que quand un vieillard meurt une bibliothèque brûle!
Les moyens dont ils disposent leur permettent d'accéder à une myriade de connaissances dès lors que le besoin s'en fait sentir. Ont-ils conscience de cette richesse et savent-ils en profiter ?
Une autre donnée est importante comme l'envie de savoir, comme la curiosité devant une situation...
Pour ma part, avec mes petits-enfants, je fais confiance à leur capacité de s'adapter et de construire une belle vie, serait-ils moins bons que nous ?

De bons souvenirs que ces planches à dessin (J'en ai fait un peu pendant mes études, dans les années 1985). Ah, les joies de l'intersection Cône - Cylindre désaxée, à la règle et au compas ...

Je partage l'optimisme de Michel quant au savoir-faire de nos enfants.
Pour avoir suivi la scolarité et maintenant les études de mon fiston, 18 ans, j'ai constaté avec satisfaction que le niveau n'avait pas baissé. Il est différent, adapté à leur monde.

OK, en orthographe, ils plongent. Mais en langue, en premier lieu en anglais, nous faisions pâle figure à côté d'eux.
Leur culture classique, et notamment littéraire, a baissé. Leur culture scientifique est moins académique, mais plus large. Surtout, ils ont un accès à l'information que nous n'avions pas, et ils savent s'en servir. Ils ont appris plus tôt l'autonomie et le travail en groupe.
Pour les maths, mon fils suit pour l'instant strictement le même cursus (même premier cycle, même établissement) que ce que j'avais suivi il y a trente ans. Je peux donc comparer finement. Le niveau n'a vraiment pas baissé.
Enfin, ils évoluent dans un monde plus complexe, où la concurrence s'internationalise, est plus rude. J'ai le souvenir, quand j'étais jeune, que nous partagions une grande confiance en l'avenir. C'est moins leur cas. Ça leur met peut-être plus de pression que nous n'avions. Bref, ils bossent plus qu'on le croit.

En un mot, j'ai confiance dans la valeur de nos jeunes.

Les jeunes c'est vrai quand je vois mes petits enfants on peut leur faire confiance, mais c'est dans la génération 50 à 70 ans qui pense avoir la science infuse dans laquelle je n'ai pas confiance.

Pierre

Même à l'époque Autocad, j'ai repris ma vieille planche de taupin, té, équerre, lumière venant de la gauche etc. pour retracer et balancer le plan de formes du mourre de pouar de ce bon Jules Vence. Plan qui en avait réellement besoin, d'ailleurs. Et ça permet d'obtenir au passage quelques gabarits si on trace sur bristol.

Et à propos d'Autocad et autres : au moins jusqu'à une époque récente, il n'existait pas de version étudiant du logiciel Catia. En IUT, les profs étaient contraints d'expliquer aux étudiants comment se procurer une version "non officielle" (ou plus ancienne). Une occasion ratée pour les éditeurs de s'attacher de futurs ambassadeurs en entreprise ?

Bonjour à tous,

lorsque l'on voit vos expériences passées, on comprend le pourquoi de la qualité des modèles réalisés. Mais on se dit aussi que l'arsenal est peut être réservé pour ceux et celles qui ont justement vos connaissances de bases et ceux là vont, dans le temps disparaître malheureusement.

Ce qui explique peut être l'arrivée de l'impression 3d et on peut imaginer que dans quelques décennies, on réalisera des modèles d'arsenal en Kit, en se disant, " [i...]et dire qu' il existait des modéliste capable réalisé nos modèles d'après des plans..." [/i] la relève existe-elle ?

Bonne journée

Cordialement Félix

Malgré la 3D les plans ne disparaîtrons jamais vraiment. Car dans bien des métiers, une fois la conception 3D faite, on établis des plans pour la réalisation dans les ateliers.

Et nos "jeunes" ne saint pas plus ignare que j'ai pu l'être au même âgé. C'est juste une histoire d'éducation. Avant le lycée pro, j'ignorais tout d'un plan, après, un peu moins.

Ce qui se détache en revanche, c'est que les métiers de CAO 3D se sépare de plus en plus du dessinateur. Je l'ai personnellement vu. Un "vieux" qui ne faisait que du dessin (notement) avec Autocad n'arrivait pas à se mettre à la 3D, et le "jeune" n'ayant fait QUE de la 3D n'arrivait pas à générer de vrai plans pour l'atelier...

Pour moi il faut les deux métiers, soit dans le même bonhomme, soit séparé. Mais les plans existent encore.

Bonjour,
En réalité, une étude 3D en CAO génère elle même les plans pour l'atelier, le câblage, les implantations, la tuyauterie etc, c'est d'ailleurs tout son intérêt.
La possibilité de travailler à distance et en équipe en fait un outil irremplaçable. La précision est formidable, le erreurs plus facilement détectées et le gain de temps réellement appréciable.
Il suffit de savoir se servir du logiciel. Vous ne pouvez plus rien acheter depuis des années qui n'est été conçu sans l'aide de la 3D.
Il faut juste regarder la réalité en face et vivre avec son temps.
Bien avant le papier calque et le tire-ligne (je ne parle pas de Rotring quelle honte) il y avait des gus qui scribouillaient des parchemins, et encore avant ils grattaient les parois des cavernes.
Le fond de la chose reste le même, le savoir est dans l'homme et la capacité de création de même. Tout le monde n'est pas égal.
On peut aller sur la lune et faire voler le Concorde avec des règles à calculer, mais on peut aussi créer votre cafetière avec un bon logiciel, pas besoin de savoir utiliser une règle Graphoplex.
Hervé

Le fait de savoir dessiner en 2D en ayant présent à l'esprit les projections des éléments dans les 3 vues de l'espace est un net avantage pour passer à la 3D.
Ah, au fait, j'ai gardé mes vieilles Graphoplex et ma Curta...on ne sait jamais

Tout à fait Michel. J'ai aussi conservé ma Grapho ainsi que mes Essel et mon Lotter à branches parallèles, la classe.
On ne sait jamais...

re,

juste une réflexion... et si suite à un conflit, un accident technique, un dérèglement climatique... il n'y a plus de courant, comment ferait-on ??? si on constate qu'aujourd'hui les enfants, ado et jeunes étudiants ne savent plus travailler sans ordinateur, ( prise de note à la fac) sans calculatrice, faire faire un simple calcul mental à un ado......c'est vrai il faut vivre avec son époque, mais rien n'empêche de penser que les choses peuvent changer !

Une réflexion nautique, Loïc Perron qui a su refaire la route du rhum à l'ancienne, cartes, sextant...et sans assistance météo. à l'ancienne comme à l'époque de Tabarly. Il avait appris à se passer du progrès technique ou du moins à ne pas en être esclave.

ce n'était qu'une réflexion sur une vieux dicton " science sans conscience n'est que ruine de l'âme"  

Aujourd'hui combien de documents informatiques ( 5 pouces 1/4... 3 pouces 1:2) ne sont plus accessibles, et combien de savoirs perdues, ( ce fut un énorme problème à la NASA ! lorsqu'ils avaient stocké les informations techniques des missions lunaires ( tous mes mémoires de fac..et je ne suis pas le seul.)

Vivre avec son temps oui, mais cela n'empêche pas de se poser les bonnes questions. Ne pas faire avec le progrès ce que l'on a fait avec les déchets nucléaires... on verrat bien, on trouvera bien une solution....ou plus tôt, Ils trouverons bien une solution.

Bonne soirée à tous,

Cdl félix

Les métiers évoluent trop vite, c'est d'ailleurs le problème pour l'orientation de nos petits enfants. S'il leur faut trouver une filière, il doivent rester également généralistes pour s'adapter.
Avec mes fils on s'arrange, ils sont informaticiens, tout ce qui est nouvelle technologie, il le fond et m'apprennent (quand je juge que c'est utile pour moi), et pour l'ancien, bricolage, plomberie, c'est moi.
La vie était probablement plus dure pour nous, mais beaucoup moins stressante. Quand je dis plus dure, en fait non, car tout le monde était dans la même situation et donc il n'y avait pas de différence, et donc s'était normal. (48 H/semaine, pas de congélateur, pas de micro-onde, pas de couche, tu lavais, quand tu cassais, tu réparais, car pas de bricomachin).
Maintenant c'est plus compliqué. Moins de camaraderie, tu prépares un projet, les gens sont toujours en retard, alors tu prévois, tu es bénévole, mais le service rendu est un dû, la parole donnée n'est que temporaire. C'est pas toujours très simple. Je ne parle pas pour moi qui suis un vieux C..mais pour les jeunes.
Pour ma part, ce n'était pas mon métier, mais j'ai pris plaisir a faire le permis de démolir et permis de construire d'une partie de ma maison en partie à la règle et en partie ......avec Excel.
Si l'un de mes petits surnoms est Avril, je suis de tout coeur avec les nouvelles générations et leur souhaite bon courage.

Jean-Jacques

Bonsoir

Et après Autocad :



Bernard

Pour les vieux...ou presque (je tangente les 80 printemps) soyons juste, nos difficultés n'étaient pas de trouver du travail. La France etait à reconstruire. L'inflation nous payait nos crédits ( qui se souvient d'une inflation à 14% avec des crédits à 6% ,) Bon, c'est vrai que la semaine c'était pas 35 h mais plutôt de 50 ou 60. Mais nous pouvions changer de job sans problème et à chaque fois avec un bonus. Nos familles étaient, hormis les nôtres, celles de nos entreprises, des communautés des métiers. Les quartiers gêneraient des promiscuités chaleureuses et solidaires, le bistoquet en était souvent le centre. On faisait cuire le gigot chez le boulanger du coin. Le service militaire nous dressait le poil dans le bon sens, celui du respect de tous et de tout. Les syndicats poussaient les gouvernements à plus de social et les salaires peinaient à suivre l'inflation. L'échelle sociale ne demandait qu'à être escaladée.
Et, dans cette dynamique les progrès technologiques explosaient à loisir. J'ai connu pour ma part les créations d'usines, de machines spéciales assistées des premiers automatismes , et les premiers ordinateurs qui emplissaient des pièces entières avec une puissance de calcul qui ferait rigoler nos plus basiques smartphones.
Aujourd'hui, c'est tout juste si on connait son voisin de palier, la télévision resserre la famille devant l'écran ( ou les écrans !), il n'y a plus de bistrot digne de ce nom, les grandes surfaces nous nourrissent de denrées insipides et tres chères au détriment d'une bonne, économique et saine cuisine familiale.
Bref, je délire sans doute un peu, mais ce debat sur la 3D me semble bien loin de mes préoccupations. Ce qui ne veux pas dire qu'il manque d'intérêt, mais sa portée est marginale bien qu'ouvrant à bien de perspectives.

Michel