De l'usage hors galères des "avirons de galère".

Bonjour à tous,

Dans le cadre de la rédaction d'un texte relatif aux traversées de l'Atlantique de la corvette le Dragon du chevalier de L'Espine, je suis confronté à une petite difficulté de compréhension.

Pour faire simple, le cotre corsaire de Guernesey Dragon construit à clin est transformé en brick corsaire Dragon, puis capturé par les Français qui en font la petite corvette le Dragon toujours avec son bordage à clin. Au cours de la première traversée de l'Atlantique, la corvette subit de multiples avaries dans le gros temps. Afin de ne pas sombrer, L'Espine fait passer par dessus bord un certain nombre d'éléments, dont des canons, des pierriers, et... les avirons de galère.

Si j'ai bien compris, lesdits avirons (dont le nombre n'est pas précisé) sont bel et bien des "avirons de galère à menilles" dont étaient dotés certains navires de guerre pour "leur servir en temps de calme soit pour marcher soit pour évoluer". Dans le cas des grands vaisseaux, ces avirons de galère pouvaient atteindre 8 mètres de long et on les faisait sortir par les sabords de retraite...

En l'occurrence, sur la petite corvette de L'Espine, comment manœuvrait-on ces avirons de galère et où étaient-ils stockés sur le pont (sous la chaloupe ?) ?

Thierry

C'est souvent la galère pour trouver la réponse à la question que l'on se pose, dans votre cas tout n'est pas perdu, il y a les avirons ce qui devrait vous permettre d'avancer.

Pierre

Bonjour,

Dans les années 1790, pour les grands vaisseaux comme un V74 par exemple, il est donné 2 avirons dits "de galère", 4 pour un V118, c'est à dire très peu et c'est un détail anecdotique. Ils servent à faire pivoter le vaisseau en les passant en effet par les sabords de retraite. Ces avirons n'ont pas 8 m de long mais de 40 à 45 pieds soit 13 m au minimum. Les vrais avirons des galères dites ordinaires ont 12 m de longueur.

Pour votre corvette, la dotation réglementaire dans la marine (corvettes de 16 et de 12) serait de 16 avirons qui sont généralement rangés avec la mature de rechange ou sur les porte-haubans.
Les avirons sont passés dans des petits sabords dédiés quand ils existent ou bien dans les sabords d'artillerie à défaut.

Bonjour Monsieur Delacroix,

Merci pour ces éclaircissements ! J'en étais à me demander si l'on "godillait" à l'aviron de galère par les sabords de retraite d'un 74 canons !  

Les éléments que je citais entre guillemets proviennent de cette source tardive (1859), en page 70 (c'est un peu le cirque...) :

https://www.worldcat.org/title/dictionnaire-de-marine-a-voiles-et-a-vapeur-marine-a-voiles/oclc/602058154

https://www.google.fr/books/edition/Dictionnaire_de_marine_%C3%A0_voiles_et_%C3%A0_v/wRg1AAAAQAAJ?hl=fr&gbpv=1&dq=avirons+de+gal%C3%A8re&pg=PA70&printsec=frontcover

Donc, si j'ai bien compris, la corvette le Dragon avait vraisemblablement 8 avirons de galère (de 12 m) sur chaque bord, fixés par exemple aux porte-haubans.

Encore merci !  

Thierry

Pour plus de facilité, la page 70 du Dictionnaire de 1859 :





Thierry

Texte valable pour les années 1860 mais décalé de près de 70 ans avec votre corvette. Bien des choses ont changé, surtout dans cette période.

Oui, pour l'instant je n'ai rien trouvé de précis et contemporain...

Thierry

Bonjour à tous,

L'idée de l'emploi des avirons de galères tarabustait sans doute les contemporains, à en juger par la présence envisagée en nombre sur des vaisseaux, ici vers 1785 :



Source : https://www.herrero-michel.fr/index.html

Je me demande si sur "ma" corvette le Dragon existaient ou non 16 schmilblicks (dames de nage au niveau des "sabords de nage" ?) servant de pivot aux avirons de galère.

Thierry

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En 1831 (on trouve exactement le même texte dans l'édition de 1825) :





Thierry

Suite...

1824 :





Thierry

J'ai vu ça hier sur la HMS Pandora

Intéressant... quel est le titre de cette planche ?

Thierry

c'est dans le Anatomy of the ship "hms Pandora"

Les Bricks type Le Cygne, construits à partir de 1801, comportaient 14 sabords de nage. Les avirons étaient entreposés sur les potences avec les espars de rechange.
Jacques

Dans le style aussi, il y a la corvette L'Amarante 1747 et bien d'autres.

J'adore la coupe que présente Spahi !

Tu vois un peu le bras de levier que doit se farcir l'homme qui est au maneton de cet aviron ?!
Déjà pour le bouger ... quant à le rendre efficace !!!!!
Et les autres dont parlent les auteurs qui se copient joyeusement, plus haut dans les messages, la vaste rigolade.
Il faudrait un surhomme pour godiller par le sabord d'arcasse et branler un 74 avec un aviron de galère.
C'est peut-être pour ça qu'ils sculptaient des Atlantes aux angles des poupes,
ils avaient conscience qu'ils n'y arriveraient pas seuls!

Je te trouve bien critique dis donc.
De nombreux plans montrent des sabords de nage sur des navires jusqu'à au moins cent pieds.
Quant au 74, ce n'est pas pour godiller, c'est juste pour ripper le cul pour une raison ou pour une autre, au port surement. D'ailleurs, la dotation est une réalité, elle est présente dans les règlements et on en parle régulièrement dans les récits authentiques de voyage.

Bonjour André,

Tout d'abord, je n'ai pas présenté de coupe... je suppose que tu fais référence au document de Yoann.

Et puis, effectivement, l'usage des avirons de galère ne semble pas aussi anecdotique qu'il y paraît puisque les récits "sérieux" précisent même que chaque aviron de galère est actionné par 4 hommes.

Thierry

Oui, je suis d'accord, mais ça ne change rien à mon avis.
D'ailleurs : on s'en sert bien rarement dit le texte prudent.
Une façon élégante de dire "jamais" pour ne pas venir à l'encontre des édits hiérarchiques.
Je parle d'expérience. Quant on voit le temps qu'il fallait pour déhaler à la godille
mon coquillier de la Rade, par temps calme et dans le port, alors les gros culs armés en guerre ... PFFFTTT !
Plus que mon coquillier de 10 petits mètres,
j'ai eu l'occasion d'aider à bouger "Earl of Pembrok" dans le port de DZ.
A huit hommes de bonne composition armés de karennou de 8,5 m
on a mis une heure et demi à lui changer de place, l'eau comme un lac.
Alors, que peut-on faire avec des avirons de 13 m, TREIZE mètres, fût-on à quatre
dans un local qui ne s'y prête guère, pour agir sur un barlu de X tonnes
sinon se mélanger les pinceaux, nager dans le vide jusqu'à s'exténuer
et rendre son âme au diable ?!!!

Je parle, comme plus haut, des avirons de poupe sur un 74 bien sûr.
Aucune difficulté pour les avirons de nage sur chaque bord d'une corvette ou d'une frégate.

Il faut se rappeler que les rames des galères étaient équilibrées autour de leur axe de rotation par une plaque de plomb fixée près du maintenen.

Bernard HUC a écrit:Il faut se rappeler que les rames des galères étaient équilibrées autour de leur axe de rotation par une plaque de plomb fixée près du maintenen.

Il y a quelques temps j'ai lu que les galères de antiquité qui auraient eu trois rangées de rames étaient peu probables parce que la rangée du haut aurait eu se projeter trop loin pour avoir une efficacité justifiant sa présence : trop lourd, peu manœuvrable demandant des bancs de rameurs en escalier trop hauts

C'est vrai André que vous avez du vous faire les bras ...les godilles ou les avirons étaient parfois plus grand que la bateau lui même.
Ar vag 1

Grand dieu tout puissant, v'là qu'on me vouvoie !  

Bonjour à tous,

Toujours dans mes affaires d'avirons du Dragon de L'Espine, je trouve une indication intéressante dans la comptabilité du consul de Boston : "pour peindre la figure, les sculpteries du derier et le cannot et 16 avirons".

Du coup, je me demande si ces "16 avirons" correspondent à la dotation de 16 avirons de galère évoqués plus haut pour une corvette, ou bien aux avirons classiques de la chaloupe de 20 pieds de la corvette.

Thierry