LE FAUNE au 1/48ème sur base de la monographie du Cygne par Jacques Robine

Le bonjour à tous.
Nous apprécions vivement les talents exposés sur ce forum au travers de maquettes d’une grande qualité d’exécution avec des assemblages d’une précision remarquable associés à une approche artistique du meilleur goût et ce, sans oublier le plaisir procuré par les dernières évolutions que nous offre la 3D et le spécialiste du genre, tout ceci sous la houlette de Gérard DELACROIX prompt à partager ses connaissances étendues dans le domaine de la marine ancienne…!
 
J’ajouterais que ces maquettes sont souvent, pour ne pas dire nécessairement, associées à un équipement en matériels performants : tours, scies diverses, fraiseuse etc…, certes nos ancêtres  dans cet art ne disposaient pas de ces outils performants quand bien même ils disposaient des avancées de leur époque, il faut bien vivre avec son temps !?
Le fait est que cet aspect peut être de nature à décourager ou rebuter certains.
 
En ce qui me concerne, nourri des informations glanées sur ce forum pendant plusieurs années et depuis mon inscription en 2014, j’ai fait mienne l’approche « traditionnelle » qui pourrait être de nature à accrocher d’autres prétendants au modélisme d’arsenal.
 
Etant précisé que par le passé mes loisirs et temps libre disponibles, hors mon activité professionnelle, furent tant occupés, que ce n’est qu’à l’âge de 70 ans que je me suis lancé dans l’aventure de l’arsenal.
Aussi il ne m’est pas apparu déterminant d’investir dans du matériel qui risquait de ne pas servir beaucoup.... Il y avait certainement moyen de se faire plaisir sans cela tout en produisant quelque chose dont je pouvais être satisfait. Pour illustrer mon propos et juste à titre d’exemple j’ai réalisé à la main (racloirs, limes aiguille et papier de verre) les rames de galère qui équipaient les brick, de même que les espars de rechange arrimés au-dessus des embarcations du bord à savoir deux vergues en ébène et les mâts de hune en poirier.
 
C’est cette approche que je me propose de relater depuis son origine, je précise qu’à ce jour et après trois ans d’interruption pour cause de déménagement/emménagement (ce n'était que le douzième du genre), j’ai entrepris en octobre dernier la mise en place de la mâture.
 
En février 2015, pour débuter en arsenal, je disposais en tout et pour tout d’une vieille scie à chantourner manuelle de chez Le roi du coin, une Bocfil réglable bien connue d’une célébrité du forum…, d’un coffret DREMEL qui m’avait principalement servi à graver le nom des 200 rosiers constituant alors ma « roseraie » (dont plus de la moitié greffés par mes soins) sur des petites plaques d’ardoise , un ensemble KITY hérité de mon père (qui se l’était procuré fin des années 70 à son départ en retraite) comprenant une « rabot-dégau », une scie circulaire et une affuteuse (ne serait-ce que pour les lames de la « rabot »).
 
Antérieurement à cette date le matériel Kity m’avait permis de restaurer 3 armoires du XIXème de « nos grand-mères », un buffet bas de la même époque, 1 armoire du siècle d’avant pour mon fils et dans la foulée j’avais conçu et fabriqué un coffre avec la façade à plis serviette et un buffet bas dit « de valet » ou « de saint Jean » typique du mobilier de la Manche.
 
J’avais donc de quoi débiter des planchettes de différentes épaisseurs quand, avec un mien frère que j’avais convaincu de se lancer dans l’aventure de son côté, nous avons acquis et partagé en deux un plateau de poirier, dans un coin de  Normandie où l’on fabrique du poiré…
Pour compléter l’équipement je me suis fabriqué des tarabiscots dans des vieilles lames de scie à métaux, des racloirs dans des lames de cutter usagées, quelques ciseaux à bois et gouges à base d’aiguilles de couturière ou de seringues, les seules emplettes véritables furent consacrées à des lames de scie à chantourner pour le bois et le laiton, du papier de verre de différents grains, un jeu de limes aiguilles et un pied de perçage pour la Dremel.
 
Dans une première approche j’avais porté mon choix sur le roi des mers tel que décrit dans les aventures des capitaines anglois : Bolitho, Aubrey et Hornblower, à savoir le 74! Mais après l’acquisition du premier tome de Jean Boudriot, je suis vite revenu à la réalité et c’est ainsi que je me suis lancé, sur la base de la monographie du Cygne, dans la construction du FAUNE, brick PESTEL construit en 1804 à NANTES, capturé par faits de guerre et rayé des listes en 1805, armé dès l’origine de 16 caronades de 24.
A SUIVRE, Jacques

Ainsi qu'il est souvent pratiqué pour ce brick en l'absence de plans détaillés de la coque, montage en CTP sur base en poirier et ébène: quille proue et poupe



suivi de la découpe des sabords et de leur "habillage" en poirier, puis du bordage proprement dit en poirier et ébène, ce dernier taillé dans la masse pour la poupe

On attend la suite avec impatience, bravo !

Thierry

Bonjour Jacques,

C’est du bel ouvrage et on va suivre avec intérêt votre travail.
Concernant l’outillage, j’ai bien compris votre philosophie minimaliste mais j’ai envie de dire que vous avez « la » machine la plus importante : le combi Kity, certes ancien mais qui fonctionne... et que tout le monde ne possède pas (ou pas la place d’avoir). Personnellement, je suis obligé d’acheter mes planchettes en différentes tailles,  ce qui me coûte un bras et par exemple si j’avais voulu faire l’Égyptienne en entier, j'en avais pour des centaines d’euros...
Je n’ai pas de dégauchisseuse, après effectivement le reste ce n’est que du confort ; une petite fraiseuse Proxxon, un tank de ponçage par exemple, ca facilite le travail mais effectivement, ce n’est pas indispensable  comme vous le précisez avec un peu de débrouillardise et d'ingéniosité.
Tout cela pour vous dire que vous n’êtes pas si désoutillé   (par rapport à moi       )
Mich

Bonsoir Michel,
Si vous êtes un peu bricoleur pas besoin d'acheter vos planchettes de poirier qui coutent très chères. Depuis toujours, je débite moi même mes planchettes dans un plateau (pour ma part c'est du merisier) à l'aide du petite scie portative que j'ai monté sur table et, ensuite, je les passent dans une calibreuse avec un rouleau ponceur, de ma conception, pour obtenir les dimensions souhaitées. Au niveau finition, c'est excellent et pas besoin de posséder une raboteuse.
Michel

C'est intéressant Michel ton astuce. Si ce n'est pas trop demander, tu n'aurais pas quelques photos  pour comprendre .
Ne répond pas ici pour ne pas polluer le post mais plutôt ici https://5500.forumactif.org/f67-methodes-de-travail-et-d-usinage
Merci,
Mich

Grandmiche a écrit:Bonjour Jacques,

C’est du bel ouvrage et on va suivre avec intérêt votre travail.
Concernant l’outillage, j’ai bien compris votre philosophie minimaliste mais j’ai envie de dire que vous avez « la » machine la plus importante : le combi Kity, certes ancien mais qui fonctionne... et que tout le monde ne possède pas (ou pas la place d’avoir). Personnellement, je suis obligé d’acheter mes planchettes en différentes tailles,  ce qui me coûte un bras et par exemple si j’avais voulu faire l’Égyptienne en entier, j'en avais pour des centaines d’euros...
Je n’ai pas de dégauchisseuse, après effectivement le reste ce n’est que du confort ; une petite fraiseuse Proxxon, un tank de ponçage par exemple, ca facilite le travail mais effectivement, ce n’est pas indispensable  comme vous le précisez avec un peu de débrouillardise et d'ingéniosité.
Tout cela pour vous dire que vous n’êtes pas si désoutillé   (par rapport à moi       )
Mich

Bonsoir Mich,
Il est indéniable que l'ensemble Kity, toujours en bon état et performant malgré ses 37 ou 38 ans d'existence lorsque j'ai entrepris cette "aventure", m'a permis de régler en peu de temps et à bon compte, l'approvisionnement en bois nécessaire à la réalisation de mon projet. 
En fait au démarrage et après un examen attentif de mes besoins au travers de la monographie, j'ai fait de la menuiserie pendant quelques jours avec le 1/2 plateau, d'abord débité pour obtenir des blocs rabotés de L 50cm x l 20cm x h 5cm (il doit même m'en rester un dans un coin), lesquels j'ai transformé en planchettes d'épaisseurs diverses puis celles-ci en baguettes elles aussi aux diverses dimensions requises, que ce soit pour le bordage des coques en intégrant les embarcations du bord ou la mâture. 
C'est ensuite que j'ai branché le mode arsenal sans avoir beaucoup à revenir voir Kity...
Jacques

Quel plaisir de voir un autre brick en construction ! La réalisation a l’air très méthodique et le résultat est à la hauteur des probables dizaines d’heures passées sur cette carène!
J’ai opté pour mon modèle du Cygne, plus ou moins pour la même répartition des couleurs que votre modèle, ayant tout juste débuté le bordage, j’ai l’impression de voir “en avant première” ce qui m’attend !
On en redemande!

En prévision de mes futurs travaux j'avais commandé de l'ébène et du buis chez un fournisseur allemand connu du Forum. Par la même occasion et pour "voir" j'avais aussi commandé une planchette de poirier. Cette dernière, sans doute en relation avec son terroir d'origine et au séchage en autoclave, avait une couleur rougeâtre que j'ai mise à profit pour border la partie basse de l'intérieur de la muraille.



on peut voir également le perçage des sabords de nage.
Fin du bordage de la coque, sachant que par la suite les oeuvres vives seront "cuivrées"

Joli bordage, bravo 

Très belle symétrie du bordage, très beau travail pour cette coque fermée.

Après le bordage vient l'étape du cloutage réalisé en laiton de 0,3 pour la partie haute des oeuvres mortes de la coque, de 0,4 pour les préceintes et globalement la partie en ébène. A noter qu’après quelques années on distingue à peine le cloutage, le brillant du laiton s’étant considérablement atténué.
Dans le domaine du cloutage, le morceau de bravoure a surtout concerné le chevillage du pont : aux alentours de 1850 trous de 0,4 percés à la Dremel et des chevilles taillées en pointe au fur et à mesure au cutter dans  de fines baguettes de noyer. Chaque cheville étant entrée en force (sans colle) avec un léger coup de marteau bien à plat pour l’assurer. Vient ensuite un ponçage final au grain fin...






La proue a été équipée de sa guibre, les opercules occultant les sabords de nage ont été mis en place et les trous pour les dalots, les écubiers et le passage des bragues de caronades réalisés. Tous ces orifices de même que les évacuations des cabinets d’aisance à l’arrière ont été garnis de plomb.
Mode opératoire pour ce gainage : vieux plombs de pêche battus à froid de façon à obtenir une feuille de 0,25 mm environ, ensuite fabrication d’un « tube » de plomb sur le corps d’un foret d’un diamètre inférieur au trou à habiller, selon l’épaisseur de la feuille obtenue, soit par exemple 1,5mm pour les trous de brague d’un diamètre de 2mm, puis insertion des tubes dans les trous concernés qui sont « assurés » avec une pointe de cyano.

Belle finition, je ne suis pas partisan des chevilles en bois pour le pont mais je respecte le choix. Le plomb des écubiers gagnerait à déborder un peu pour protéger l'arête du trou.

Par contre, dommage pour ces bouts de virure :

L'aspect des virures résulte de l'arasement du CTP constituant les couples et il disparaît avec la pose de la lisse de plat-bord...
Jacques

Je parlais de cette virure de chaque bord, mais ce n'est pas grave, les équipements les cacheront ensuite.

Les virures! mais bien sur  
En fait arrivé à ce point du bordage du pont il m'est apparu peu probable que l'on puisse disposer de virures d'une largeur "hors normes" rapportées à l'échelle 1 soit environ 35 cm. C'est la solution que j'ai imaginée sur le coup.  

Pour ce qui concerne les trous de brague et autres écubiers ou dalots, il faut dire que la lumière n'était pas terrible lors de la prise de vue... Tout à fait d'accord et en principe j'ai taillé les feuilles destinées à la fabrication des tuyaux de plomb de façon à pouvoir les rabattre sur le pourtour à l'intérieur de la coque comme ci-après. Du moins c'était l'idée générale.  
Jacques 

Après la pose des renforts pour les bragues de caronades, des échelles hors de bord et de la lisse de plat-bord, j'ai voulu tester quelques aménagements sur le pont soit l'écoutillon-soute, la caisse de la mèche du gouvernail et les cabinets d'aisance de la maistrance...

Avant d’attaquer le chantier du cuivrage de la coque, j’ai voulu tester le travail du buis sur le tableau et la proue en réalisant les herpes. N’ayant jamais utilisé ce bois, je savais néanmoins par mes lectures, notamment sur ce forum, qu’il pouvait être dur et difficile à travailler… mais ayant tâté du chêne, du noyer et plus récemment de l’ébène je n’avais pas d’a priori.

Si au tarabiscot les sections rectilignes comme la lisse d’hourdi n’ont pas posé de problème particulier, bien que j’aie trouvé bizarre les « pluches » qui sortaient de l’outil, les sections arrondies ont par contre occasionné quelques ratés et au final un résultat à peine satisfaisant, comme si les fibres du bois n’étaient pas rectilignes et changeaient de « direction » avec des parties plus tendres ou l’outil passait plus aisément mais de façon grossière en déviant de la trajectoire imprimée ! J’ai rectifié à la lime aiguille autant que faire se pouvait, mais pas aisé dans les courbes et de là à me demander si je n’avais pas acquis un bois certes jaune mais qui aurait pu s’appeler autrement ???
J’ai pensé notamment à de l’Amarillo ?








Le décor champêtre du fer à cheval, est de mon cru. En effet n’ayant rien trouvé sur le net, ou peut-être n’ai-je pas suffisamment ou mal cherché, je suis parti du principe de réaliser un compromis entre le décor du cygne et l’idée que l’on peut se faire de l’univers d’un faune, sur base de feuillages divers, d’épis de blé et de fleurs des champs…
 
Pour le nom du bateau j’ai utilisé le procédé de la boîte à lumière. J’ai choisi une police et une taille qui allaient bien dans Word et, après impression sur un papier ordinaire pas trop épais, j’ai retourné la feuille afin d’y coller de fines lamelles de « buis ». Ensuite, il ne restait plus qu’à effectuer le transfert sur la coque après avoir déposé quelques traits de colle à bois sur les lettres.

Sympa comme tout ce modèle.

Bonjour,

J'aime bien votre composition pour le cintre, c'est mesuré et judicieux.
Par contre, la police de caractère est un peu trop moderne et le cartouche mal placé, il gagnerait à être positionné au bas du tableau. Par ailleurs, l'axe des sabords ronds doit être horizontal, il n'est donc pas perpendiculaire au tableau.

Vu... 
Pour l'emplacement du cartouche, je dois avouer que j'ai copié.. c'est pas bien de copier!
Comme la monographie de se prononce pas sur le sujet et que le modèle du musée n'en comporte pas, je me suis inspiré de ce qu'a fait B.FRÖLICH, d'autant plus facilement que la yole du capitaine cache la partie basse du tableau...
Jacques

Pour « cuivrer » une coque on trouve dans le commerce ce type de bande de cuivre adhésive




L’outillage quant à lui se limite à un réglet voire une petite règle plate, un cutter de modéliste ou un scalpel, des ciseaux, une matrice et son poinçon fabrication maison.




Après quelques tâtonnements j’ai obtenu un poinçon qui ne nécessitait qu’une pression entre les paumes (rien à voir avec le jeu du même nom)… pour obtenir des empreintes de « clous » satisfaisantes au regard de l’échelle du modèle, soit 0,27mm selon la monographie, en prenant soin de mettre en dessous la partie cuivrée des futures plaques dans la matrice.
 
A noter que pour respecter le mode de pose des plaques il convient de travailler de la poupe vers la proue et de haut en bas. Dimensions des plaques au 1/48è : 33 x 10mm.















Comme là cela pique un peu les yeux... après oxydation naturelle le cuivre recevra deux couches de vernis cellulosique.

Superbe et précis

Le résultat est extra. La carène était elle même très bien réalisée , masquer ce bel ouvrage doit être un choix difficile à prendre, sans oublier  que poser ces plaques représente un travail laborieux et rébarbatif.
En tout cas, bravo pour ce modèle que l’on découvre en accéléré.

Il y a quelques années, pour imprimer les plaques de cuivre suivant cette méthode, il avait été suggéré de placer le cuivre directement en contact sur les poinçons mais sans appliquer une trop grande pression.
Les poinçons marquaient alors le cuivre en imprimant des petits cercles très réalistes et représentatifs des clous à tête plate qui fixaient les plaques.

Exemple avec cette plaque (de rebut) :