San Juan Nepomuceno au 1/90 par Jean-Marie Rochat

Comme dit Thierry, il faut être "malade" mais quel régal.

Salut Jean-Marie,
Je vois que tu commences à comprendre cette phrase que j'affectionne " Il faut être un peu fou ou complètement con" pour faire un travail pareil. J'avais placé cette foutou phrase dans la préface de mon bouquin. Un ami auquel j'avais demandé son avis sur l'écrit m'avais déconseillé cette remarque ; elle est passée à l'as et c'est transformée en "légèrement timbré".

Si cela peut te consoler saches que j'ai eu la même aventure au début du gréement du 74, cela se calme par la suite, la main prenant ses habitudes le doigté devient meilleur.

Bonsoir,

Merci à tous de votre intérêt pour mon V74  

Daniel, merci pour les vœux et j'essaierai de faire des démonstrations intéressantes en 2023. Avec le gréement ça devrait aller...
Thierry et Francis, je suis d'accord : malade je suis ! Mais si je ne l'étais pas ce serait moins rigolo à regarder 
Francis, c'est une excellente maxime, je l'adopte. Mais je préfère malade à con !

Justement côté gréement j'avance à pas de fourmi :


J'ai un peu souffert pour ajouter cette poulie d'écoute de Grand Hunier, mais le pire ce fut pour la seconde.
Cela à bien commencé, la boucle a été faite en moins de 5 minutes, la pose guerre plus, Francis à raison les habitudes se prennent.
Soudain, au moment de réaliser l'amarrage, paf le collage casse, grrrr !
Je recommence avec une nouvelle boucle et re paf ! Et cela 5 fois de suite. Ras le bol 

En analysant la situation je me dis que la cyano que j'utilise n'est pas la bonne car le collage n'est pas assez souple.
Francis m'ayant conseillé d'utiliser de la Cyanolit 732F, j'en commande donc.

Vu que tout cela m'a sérieusement mis les boules, je me dis que pour me "délasser" je vais faire des... boules, ou plutôt des micro boules.
La folie a encore frappée 

Donc, en attendant la colle, je vais faire le rocambeau qui a besoin de 9 boules de 0,9 mm.
Et tant qu'a faire, je vais usiner toutes les pommes de racage ainsi que les bigots.

Pour s'entrainer, les plus grosses de 1,2 mm, pour le Grand Hunier :


Et ses bigots :


Quelques explications sur la fabrication de ces pommes qui sont faites au tour à partir d'une baguette de poirier de 4x4.
Positionnement de la baguette, centrage et perçage à 0,5 mm, puis, très important, mise en place dans la poupée mobile du "récupérateur" fait avec une épingle de 4/10.
Sans cet accessoire, la récupération des boules parmi les copeaux serait un exploit !


Tournage à 1,2 mm de diamètre sur 1,5 mm de long et, là aussi très important, en une seule passe :


Marquage à 1,2 mm avec l'outil, sans couper :


Puis, en faisant confiance à ses yeux, façonnage en 1/2 sphère de la partie droite à la lime tiers point :


Toujours à la lime tiers point, approfondissement du marquage, et façonnage de la 1/2 sphère gauche :


Peaufinage de la forme et coupe de la pomme au cutter :


Les boules sont enchainées tant que le trou existe :


Environ trois ou quatre pommes peuvent être faites avant de percer à nouveau la baguette.
Pour cette opération, afin d'éviter que le perçage ne se décentre, il est préférable de recommencer à zéro en dressant la face, pointant et perçant.

Une fois les trois ou quatre boules faites, les récupérer délicatement et stoker. Attention ça saute et pour les retrouver cela tient du miracle !

Une idée des dimensions :


Quant aux bigots, ils sont fait en série.
Tout d'abord mise aux dimensions d'une baguette de poirier, ici pour le Grand Hunier (0,5 x 1,45 mm) :


Coupe en tronçons de la baguette et perçage à 5/10.
Ce montage permet de positionner les bigots les un après les autres sans avoir besoin de toucher aux réglages de perçage.


Les bigots percés sont ensuite enfilés sur 3 fils de laiton de 5/10 pour constituer un bloc :


Il faut prendre la précaution d'ajouter de chaque côté une baguette martyr épaisse ce qui évitera l'éclatement de bigots au fraisage (désolé mais pas de photo pour cette étape).
Il sont ensuite mis à la bonne longueur et les creux sont amorcés sur la face supérieure :


Important : une tige est ajoutée en fonction du côté à usiner pour pouvoir positionner le bloc avec précision contre l'étau et assurer la symétrie (cf. photo ci-dessous).
Les "ondulations" sont terminées à la lime :


Et les extrémités usinés avec une fraise à 60° :


Pour finir, voilà ce que donnent ensemble les pommes et les bigots :


C'est tout pour aujourd'hui 

A bientôt.

Jean-Marie

Jean-Marie,

Même avec la 732 F le cordage se rigidifie, sans doute moins qu'avec la 201. Tu finiras comme moi pour éviter que tes estropes ne lâchent : sacrifier à la rigueur de l'échelle et donner un peu plus de longueur aux collages en biseaux. Puis bien serrer l’amarrage et ne pas oublier la bridure qui renforcera le tout.

Tes pommes et bigots sont magnifiques.

Un régal de suivre ces pas à pas!

Bonjour,

Merci Francis pour les pommes et les conseils et j.rob pour l'intérêt des pas à pas.
Merci aussi pour la collection de j'aime, j'ai probablement battu mon record. 

Suite des aventures...

J'ai reçu la colle et aussitôt je passe à l'action. 
Boucle faite en 2 minutes, montage sur la vergue, insertion de la poulie et je m'attaque à l'amarrage puis la bridure.
Un peu de colle sur le fil, je coupe ce qui dépasse. Ouf !
Tiens la poulie n'es pas bien alignée, je la la tourne un peu et PAF ça casse !
CRI de rage. Y en a marre ! 

Le calme revenu, j'analyse la situation :
- La colle 732 F c'est mieux car un peu plus lente à la prise et plus souple.
- Valait mieux que ça casse maintenant que pendant le gréement.
- Il faut changer la technique de finition de la boucle.

Je repart sur le collage en biais du cordage seul puis ensuite du fourrage de la partie collée.
Comme cela le collage devrait être consolidé par les spires de fil.
Après plusieurs essais sur des chutes j'arrive à un résultat assez solide en fignolant avec de la cyano sur le fourrage au niveau de la zone de collage.

Le plus difficile est de fourrer sur la boucle car celle-ci est petite, mais j'arrive à un résultat acceptable (collage en bas) :


À la prochaine boucle je ferai un pas à pas.
Pour la nième fois, montage sur la vergue, et cette fois-ci ça tient :


Au passage, une petite astuce que certains connaissent peut-être.

Pour faire l'amarrage et surtout la bridure, il faut utiliser une aiguille à coudre.
Si vous l'avez déjà fait vous avez pu constater que c'est pénible pour enfiler le fil dans le chas 
En demandant à ma Ma Dame de me prêter un enfile aiguille, celle-ci me conseille plutôt d'utiliser une "aiguille à enfilage par le haut"   

Et c'est vrai que c'est génial 
Cela se présente ainsi :


Zoom sur le chas :


Et cela s'utilise de la façon suivante.
Par commodité j'ai fait un trou dans un support pour tenir l'aiguille, le fil est tenu à deux mains il suffit de le tendre en appuyant vers le bas :


On entend un clic et le fil est passé dans le chas, magique et pas d'énervement :


Si cela vous intéresse c'est fabriqué par Clover et le nom exacte c'est "Aiguille à enfilage automatique" :


La suite du garnissage de la vergue m'attend, à bientôt...

Jean-Marie

Pour les estropes sur le Thonier (poulies de 5 à 3mm) je me suis amusé à faire de fausse epissure avec le fourrage ensuite on voit pas trop le truc. J'ai retiré un toron (à partir de la jonction) et j'ai ensuite passé des deux côtés entre les torons, deux passages. Avec un coup de colle à bois dilué dans l'eau. Après je referme complètement avec le fourrage ou pas en laissant "l'epissure" apparente.
Quelque chose dans le genre.


Je me suis fais une planche avec la taille de L'estrope pour chaque poulie.

super tuyau les aiguilles
merci Jean-Marie.

Très bien ces aiguilles, et la réalisation reste au niveau, je ne dis pas maximal, on verra sûrement
ces limites encore repoussées!

Ben voila une idée qu'elle est bonne !

Jean-Jacques

Bonsoir,

Je m'aperçois que cela fait trois mois que je n'ai rien publié !

C'est vrai que coté gréement cela n'avance pas beaucoup car ces fichues boucles me posent problème car elles cassent régulièrement lors du test de solidité ou au moment du montage 
Donc cela avance doucement et la motivation s'effrite...

J'ai essayé plusieurs techniques dont celle proposée par Yoann, merci, ce qui n'est pas évidente à cette échelle.
Finalement celle qui me va le mieux c'est collage en biais de la boucle puis fin du fourrage à la main.

J'avais donc pratiquement terminé la garniture de la grande vergue, mais comme je suis ch...., cela ne me plaisait pas, en particulier au niveau de faibles diamètres de cordage comme, par exemple, les marchepieds.
En cause le fil DMC qui, lorsqu'il utilisé tel quel, du fait du faible diamètre nécessaire, n'a pas un aspect correct.
Grace à Madame, j'ai trouvé un fil de coton plus fin de marque Aurifil, qui permet d'obtenir un diamètre équivalent au DMC mais en commettant 3 fils.

Exemple : pour obtenir l'équivalence d'un fil DMC de 60 (0,29 mm), il suffit de commettre 3 fils Aurifil de 80 ce qui donne un diamètre un diamètre de 0,27 mm.
De plus il existe un nombre impressionnant de couleurs ce qui évite la teinture 

Comparaison, avec le fil DMC :


Avec le fil Aurifil :


J'y reviendrai plus longuement sur un prochain post, quand je me serai remis au travail sur la grande vergue.

Je n'ai donc pas touché à cette vergue depuis un bon mois pour cause de ras le bol et aussi parce que je devais refaire la peinture du séjour 
J'en suis donc là :











Pour faire toutes ces boucles, je fourrais mes cordages avec cette machine, achetée en son temps aux US chez Syren :


Elle est tout en bois, y compris les pignons, et fait correctement le job.
Mais à la longue c'est fatiguant de tourner la manivelle, à nos âges les crampes viennent vite, et surtout elle grince beaucoup !

Et puis j'ai vu la nouvelle machine de Francis et je me suis donc remotivé en en fabriquant une. Merci à lui 


Comme je voulais une machine silencieuse, j'ai remplacé les pignons par des courroies crantées et je ne le regrette pas.
Pour la faire j'ai utilisé une lame de parquet en stratifié qui me restai de précédents travaux, le moteur préconisé par Francis et la variateur qui va avec, sans oublier des roulements.
Pour le reste, c'est fabriqué avec du laiton tourné ou brasé et du tilleul.

Les poulies crantées n'étant percées j'ai fait le nécessaire :


Pose des roulements en me servant du tour comme d'une presse :


Résultat pour l'axe d'entrainement :


Perçage avant filetage pour les vis pointeau :


Pièces composant les parties recevant le cordage :


Pose des roulements :


C'est terminé :


J'ai une source de courant variable que j'utilise pour d'autres outils comme la machine à commettre, donc logiquement je l'utilise pour les premiers essais et là je constate que tout cela fait beaucoup de bruit 
Ce n'est pas la machine qui est bruyante mais la power box qui est refroidie par un ventilateur qui a oublié d'être discret 

Qu'à cela ne tienne, enfant j'avais un circuit de voiture Scalextric, et j'ai toujours le transfo. 
Cela rappellera des souvenirs à certains :


Nouvel essai avec cette relique et là c'est super silencieux, ouf 

Quelques photos :


Bobine de réception, le variateur et l'inversion de sens du moteur :


Transmission faite avec une durite en silicone :


Bobine émettrice et "coffre" de rangement :


Les accessoires : crochet pour attraper le cordage, tube en hêtre pour le protéger le cordage du tube laiton qui, à force de frotter, peut se couper :


L'électronique sous le capot !


Système avec la courroie crantée et "l'économiseur" pour les fourrages de petite longueur :


Courroie de l'autre coté avec le tube de protection en hêtre :


Verrouillage des barres de laiton avec des clips maison :


Voilà, cela repart doucement, mais je dois aussi intégrer dans mes activités la peinture de la cuisine et le remontage de la piscine... 

A bientôt.

Jean-Marie

Super travail , et tres belle finition et tres bonne connaissance

C'est toujours magnifique ce que tu fais.
Cette machine est super! et le transfo fait remonter biens des souvenirs!
Encore bravo.

Salut Jean-Marie, ta machine est mignonne comme tout et superbement finie.

Juste une question : es-tu gaucher ? Droitier j'ai placé la commande de mise en route à main gauche pour ne pas perdre le fil tenu à main droite, et ainsi gagner du temps pour stopper le moteur en cas de problème d'enroulement. J'ai toujours tendance à augmenter la vitesse et lorsque ça dérape il me faut vite réagir.

Tes cordages de vergue sont tout aussi magnifiques que ta machine.

Bonjour,

Merci à tous pour vos "j'aime" et Alain, Daniel, Francis pour vos sympathiques commentaires 

Francis, bien vu, je suis droitier mais j'ai préféré mettre la commande à droite et tenir le fil à gauche !
Les raisons ? 
Outre le fait que ma main gauche n'est si gauche que cela, je vois deux raisons à ce choix :
- Avec la machine manuelle j'ai pris l'habitude de tenir le fil avec la main gauche.
- Plus curieusement, ma main gauche à pris de la précision en pilotant des avions car dans la majorité des cas la manette des gaz est à droite et on tient le manche ou le yoke avec la gauche !
  Inutile de dire que dans ce cas qu'il vaut mieux être précis et délicat avec le bras gauche 

Jean-Marie

Bonsoir,

Après une longue absence pour cause de vacances, travaux (après le séjour, la cuisine) et surtout de ras le bol vis à vis de la réalisation des boucles pour le gréement, je suis de retour sur le forum

Je reviens un peu sur ces fichues boucles. Je croyais avoir trouvé la solution avec une coupe en biseau collée puis commis sur le collage, eh bien non ça casse aussi  
Je me suis aperçu que ce n'était pas le collage qui cassait mais le fil à coté du collage ! Il semblait fragilisé par la coupe en biseau ?

Il faut dire qu'avec les petits diamètres de j'utilise, de 0,2 à 0,8 pour la grande vergue, ce n'est pas évident :


Quelques photos de mes tribulations avec les boucles.
Décomettage du cordage après fourrage :


Enchevêtrement des brins :


Collage :


Fourrage :


Le résultat n'est pas terrible et c'est long et énervant à faire à cette taille :


Reprise des boucles coupées en biais mais en essayant plus de précision sur la coupe :






Collage :


C'est pas mal, mais ça casse au montage :


De guerre lasse je suis revenu à une coupe perpendiculaire avec un collage à la cyano semi-fluide mais en ajoutant un coup d'accélérateur sur le collage et là, c'est mieux.
L'avantage c'est que c'est plus rapide car la coupe peut se faire sur du cordage commis et que la ligature se fait de part et d'autre du collage et non sur le biais.

Il ne me restait donc plus qu'à garnir la grande vergue en employant cette méthode.

Tout d'abord les marchepieds où par chance il n'y a pas de boucle de ce type à faire.
Cela ne m'a pas empêché de les refaire deux fois, car le fil DMC ne me plaisait pas et que les étriers étais mal alignés

Donc cette fois-ci c'est réalisé avec du fil Aurifil. Afin de respecter une unité de couleur, le fil DMC n'étant utilisé que si le cordage est commis.
Boucle du marchepied du côté du bout de vergue :




Cosse vers le milieux de vergue :


Pose de la cosse de 0,8 mm pour les étriers :




Enfilage des étriers sur le marchepied :


Pose sur la vergue :




Collage des étriers sur la vergue :


Essais de nœuds d'immobilisation des étriers :




Réalisation des nœuds et collage des étriers sur le marchepied pour éviter un mauvais positionnement :




Collage des nœuds et coupe du fil excédentaire :


Il ne "reste" plus qu'à monter les autres poulies et cordages avec ou sans boucles  

Ecoute de grand hunier, pendeur et bras :


Balancine sur la poulie d'écoute :


Les autres poulies.
Cargues-fonds :


Drisse de bonnette :


Remontage des bouts-dehors de bonnette avec leurs poulies d'amure et drisse :


Comme d'habitude ce n'est pas gros  


Pour finir quelques vues de cette grande vergue :


















A noter que les étriers des marchepieds sont raidis à la cyano fluide pour une mise en place plus harmonieuse :




Maintenant il ne me reste plus que que 11 vergues à garnir
J'espère que cette fois-ci j'irai plus vite  

A bientôt...

Jean-Marie

Quel travail !!! C'est très beau.
Bravo.
Bonne soirée
J-Pascal

Jean-Marie,

Ta lassitude n'a pas gâché ta doigté
Et la rigueur est toujours d'ordre.
Du coup, j'ai envie d'aller acheter une bonne loupe pour une prochaine rencontre.

C'est fantastique, et l'aspect patiné est superbe !

Bonjour Jean Marie

C’est absolument magnifique !

En voyant les photos, j’ai peine à imaginer que tout ça puisse être minuscule.
Chapeau bas maestro

Tres beau , quelle patience !! bravo

Je n'ai qu'un mot... époustouflant !

Superbe finition et exécution remarquable de précision.  
Jacques

C'est vraiment superbe.

Pierre

Jean Marie,
Toujours égal à toi même, j'admire ta patience, ta dextérité et ton imagination.
Ce que fais est formidable, bravo!

AL pourra être fière de son kit